Mois: novembre 2015

120 ans de la CGT : numéro spécial du Peuple

A l’occasion des 120 ans de la CGT, un numéro spécial du Peuple, organe de la confédération, est publié. Avec les contributions de chercheurs, historiens et militants. Nous reproduisons ici l’éditorial de Maryse Dumas, animatrice du collectif « 120 ans de syndicalisme CGT ».

Citons ce passage : « Avant le salariat, qui n’existait pas encore, c’est le travail qui a nourri la soif d’émancipation… ».

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Le 4 pages du Peuple et le bon de commande du numéro : 20151026_120ansLimogePeuple_4pages_BD

 

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Editorial Maryse Dumas :

Comment jeter les bases d’un syndicalisme CGT ouvert, puissant et enraciné dans le monde du travail du 21e siècle ? Comment faire du progrès social une perspective atteignable, objet de mobilisations sociales ? Comment rendre la CGT présente et attractive au plus grand nombre de celles et ceux qui galèrent entre chômage et emplois précaires, et donner à la CGT les moyens de
faire vivre en son sein les valeurs pour lesquelles elle se bat ? Ce sont quelques-unes des questions travaillées par le CCN réuni à Limoges les 14 et 15 octobre 2015, à l’appui de contributions riches et passionnantes d’universitaires.
En prenant garde à ne pas rabougrir ou instrumentaliser l’histoire, la CGT a tout lieu d’être fière de la sienne et d’y puiser des éléments de réflexion et d’expériences. Avant le salariat, qui n’existait pas encore, c’est le travail qui a nourri la soif d’émancipation des syndicalistes et donné son sigle à la CGT. Dans un moment de mise en cause du code du travail, un moment où les frontières du salariat deviennent plus floues, où un travail pseudo « indépendant » c’est-à-dire hors du droit du travail se met en place, la CGT se projette à nouveau sur l’avenir en proposant par exemple un nouveau statut pour le travail salarié.
Conquérir des droits pour toutes celles et ceux qui vivent de leur travail, leur donner les moyens, par l’action syndicale, de transformer dans un même mouvement la condition salariale et leur propre destin, imaginer un monde meilleur, de paix de fraternité et de solidarité, c’est ainsi que la CGT a permis les grandes conquêtes du 20e siècle. Ouvrir aujourd’hui la perspective d’un « autre monde » lui commande, fidèle à ses valeurs originelles, d’inventer du neuf et de le faire vivre avec opiniâtreté et persévérance.

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La COP21 et le syndicalisme : positions et débats

Les organisations syndicales CGT, CFDT, FSU, Solidaires, UNSA se mettent d’accord pour un appel commun à manifester sur l’enjeu de la COP 21 fin novembre. Nous publions aussi des prises de positions séparées CGT, CFDT, FO, Solidaires, qui peuvent susciter des débats (nucléaire, reconversions industrielles, emplois menacés et emplois nouveaux, nouvelles qualifications nécessaires…). Ce dossier est complété par des prises de positions de la Confédération syndicale internationale  (CSI). 

  • L’appel commun :  APPEL INTERSYNDICAL MARCHE MONDIALE DEFINITIF

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  • La CGT : cliquez 20151019_Cope21Industrie_4pages_V4siteon0-dc90f

Extraits (CGT) :

« Il faut privilégier les énergies peu ou pas émettrices de gaz à effet de serre, développer de véritables filières industrielles.
La CGT conteste la réduction à 50 % de la part nucléaire dans la production électrique, arbitraire et non motivée par la lutte contre les émissions. A l’opposé, il faut réellement organiser la transition énergétique en investissant pour l’avenir d’une filière nucléaire stratégique publique, encore plus sûre et économe et pour le développement d’une filière des énergies renouvelables.
Diminuer l’utilisation des ressources fossiles permet également de soulager notre balance commerciale, d’améliorer notre indépendance énergétique et de préserver les ressources naturelles.
L’énergie est un secteur stratégique. La commission européenne et la plupart des gouvernements veulent libéraliser l’ensemble du secteur de l’énergie et s’attaquer aux tarifs nationaux réglementés. A l’opposé, la CGT milite pour la construction d’un pôle public de l’énergie dans un cadre européen de coopération, assurant à la fois un haut niveau de garanties collectives pour les salariés, et une énergie accessible à tous et en toute sécurité. C’est un enjeu de maitrise publique, d’appropriation sociale et de démocratie.
MOBILISER TOUS LES LEVIERS DANS LE RÉSIDENTIEL —
TERTIAIRE !
Les émissions des bâtiments (logements de tous types, bureaux, services, commerces…) représentent 20 % des émissions nationales. L’objectif d’une réduction de 50 % de ces émissions d’ici 2030
et de 85 % à l’horizon 2050 est ambitieux. En raison de la durée de vie des bâtiments et de l’application pour le neuf des normes 2012 de performances énergétiques, le gisement de réduction se situe dans la rénovation énergétique du bâti existant.
Les besoins s’avèrent considérables pour financer la rénovation lourde et le changement des équipements de chauffage au bénéfice de systèmes performants et moins émetteurs de polluants. Or on est très loin de l’objectif de rénover chaque année 500 000 logements dès 2017.  »

 

Extraits (CFDT) :

« Le territoire aussi est un échelon privilégié en termes de mise en œuvre de mesures bas carbone. Le cabinet Syndex a croisé réalités territoriales et compétences professionnelles en 2014 dans le cadre de l’étude Ececli* (Évolution Compétences Emplois Climat Île-de-France). L’Union régionale interprofessionnelle et la Confédération y ont été étroitement associées. Cette étude a rassemblé de nombreux acteurs (conseil régional, employeurs, Opca, syndicats, Direccte, etc.) des secteurs de l’énergie, du transport, de l’eau, de l’automobile et du bâtiment. « Nous avons dressé un état des lieux des emplois qui risquent de pâtir du changement climatique dans la région et projeté des objectifs vers des emplois cibles durables à l’échéance de 2019 », explique Emmanuel Palliet, du cabinet Syndex. Une sorte de GPEC transversale sur plusieurs secteurs.

Des outils passerelles ont été mis au point à cette occasion. Ils évaluent rapidement si telle compétence est transférable directement ou si elle nécessite une formation courte ou approfondie du salarié. « Cette étude réalisée sur un territoire est adaptable à un bassin d’emplois, à une filière ou à une grande entreprise, estime Emmanuel Palliet. Il existe même des budgets dans le cadre des contrats d’études perspectives (CEP) que gèrent les Direccte. Encore faut-il un acteur pour les impulser. Cela peut être le rôle du syndicat. »

  • Force ouvrière    logo-fo-07

Extraits interview JC Mailly

FO Hebdo : Quelles sont les principales revendications que FO voudraient voir prises en compte par la COP 21 de décembre ?

Jean-Claude Mailly : Comme la Confédération syndicale internationale, FO considère que cette COP doit être « la COP du social ». Les dernières conférences n’ont traité que des questions climatiques et de leurs effets sur l’environnement et l’économie. Il est désormais indispensable d’appréhender les conséquences sociales et celles sur les salariés (dégradation des conditions de travail, délocalisations des lieux de travail par exemple du fait de la chaleur ou de la montée des eaux, adaptations horaires du fait de la chaleur et obligation de travailler la nuit, etc). Des exemples concrets, sur tous les continents, montrent qu’il est temps de s’occuper de ces impacts sociaux qui ne cessent de s’aggraver. Par ailleurs, ces évolutions imposées ou celles nécessaires pour ne pas amplifier le phénomène de réchauffement exigent des formations spécifiques, de nouvelles qualifications , car il va souvent devoir « faire autrement » et des mesures en termes d’organisation et de condition de travail pour les salariés concernés. Comme FO le revendique, il faut donc que la partie « décisionnelle » du texte de l’accord issu de la COP intègre une dimension sociale forte et ambitieuse. Avec des mesures financées.


FO Hebdo : Comment selon FO investissements publics et privés doivent-ils s’articuler ?

Jean-Claude Mailly : Pour FO, la priorité est l’intervention et l’investissement des Etats et des collectivités. Cette action publique doit être mondiale et massive, bien au-delà de la constitution (nécessaire) d’un Fonds vert ou des aides aux pays en voie de développement dont les populations sont plus impactées par le réchauffement climatique. FO a défendu que les solutions techniques ou innovantes qui pourraient voir le jour à l’échelle mondiale ou d’un continent ou d’un Etat fassent l’objet d’un investissement public type « grands projets ». Cela permettrait des réalisations concrètes tout en créant de l’emploi et sans doute de nouvelles qualifications. L’investissement public peut alors servir « d’effet levier » pour permettre aux investisseurs privés d’abonder le financement de ces grands chantiers publics. Mais pour FO, en aucun cas il ne peut s’agir de procédure type « Partenariat Public-Privé ». Enfin, c’est aux entreprises de financer une bonne partie des adaptations évoquées précédemment et les indispensables compensations et aides à accorder aux salariés pour faire face aux conséquences et évolutions professionnelles liées au réchauffement climatique.


 

 

 

  • Union syndicale Solidaires tractcoutecologique

Extraits (Solidaires) : logo_solidaires_grand

« Mettre en oeuvre une nouvelle organisation de la production et de la consommation basée sur un haut niveau de protection sociale et écologique, sont les défis que les organisations syndicales et toutes les forces sociales doivent relever. Dans une période transitoire, des secteurs d’activités peuvent connaître des bouleversements voire disparaître mais au bout du compte la reconversion écologique de l’économie est créatrice massive d’emplois non délocalisables (rénovation des bâtiments, réparation, recyclage, valorisation des déchets, agriculture de proximité…).
Les salarié-es doivent avoir à leur disposition des mesures protectrices pour une reconversion dans les meilleurs conditions ».

 

 

  • Confédération syndicale internationale

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Lutte contre le réchauffement climatique : le mouvement syndical international tient son propre sommet

dimanche 13 septembre 2015 Evelyne Salamero (lu dans FO Hebdo)

 

 A deux mois et demi de la 21e conférence des Nations Unies sur le climat (COP 21) qui se tiendra à Paris en décembre, la CSI (Confédération syndicale internationale) organise son propre sommet ces 14 et 15 septembre dans la capitale française, au siège du Conseil économique, social et environnemental. Objectif : que la COP 21 soit celle du « social ».
Sharan Burrow
Secrétaire générale de la CSI (Confédération syndicale internationale).

Lire interview de Sharan Burrow : « L’action climatique est une affaire syndicale car il n’y a pas d’emplois sur une planète morte »

Du Brésil, de Norvège, des Philippines ou encore d’Afrique du sud, des Etats-Unis, du Japon, ou du Canada… Des syndicalistes et des experts venus des quatre coins du monde vont exposer durant 48 heures leur réflexion, leurs travaux et leurs revendications dans le cadre de la lutte contre le réchauffement climatique.

Le sommet syndical est organisé en collaboration avec les fédérations de branche internationales affiliées à la CSI, la fondation pour l’action syndicale en faveur du développement durable Sustainlabour, la campagne « Un million d’emplois pour le climat » et les organisations syndicales françaises membres de la CSI , dont FO. Yves Veyrier, secrétaire confédéral FO, est d’ailleurs à l’origine, en tant que Président de la section des affaires européennes et internationales du CESE, de l’accueil par ce dernier de cette conférence syndicale. Elle est également soutenue par la fondation allemande Fiedrich-Ebert-Stiftung.

La transformation industrielle nécessaire pour lutter contre le réchauffement climatique ne doit pas être synonyme de perte d’emplois, mais exige au contraire des créations d’emplois « décents » et donc un effort important de formation débouchant sur de nouvelles qualifications, met notamment en avant le mouvement syndical international qui revendique une « transition juste ».

L’enjeu : montrer l’ampleur de la mobilisation syndicale

L’enjeu du sommet syndical est donc double : montrer l’ampleur de l’engagement du mouvement syndical pour la lutte contre le réchauffement climatique, mais aussi celle de sa mobilisation pour que les transformations industrielles et économiques nécessaires ne soient pas prétextes à remettre en cause les droits, emplois et conditions de travail des salariés.

En 2013, lors de la COP 19 à Varsovie, les syndicats avait quitté la table des négociations devant le manque d’ambition des négociations et la domination des entreprises sur les débats. Sharan Burrow, secrétaire générale de la CSI avait alors déclaré : « ces mêmes sociétés qui prônent la RSE (Responsabilité sociale des entreprises ndlr) exploitent les travailleurs et épuisent l’environnement tout le long de leurs chaînes d’approvisionnement’. En 2014, lors de la COP 20 à Lima, la CSI avait dénoncé la domination des technocrates sur les politiques.

Qu’en sera-t-il cette année ? « La COP 21 doit s’opposer à toute logique de décroissance, ce qui n’a pas été le cas les fois précédentes, en particulier à Lima en 2014 », insiste Pascal Pavageau, secrétaire confédéral FO en charge du secteur Economique.

 

Climat : les syndicats veulent que leurs revendications soient intégrées à l’accord entre les Etats

mardi 15 septembre 2015 Evelyne Salamero (FO Hebdo)

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Sommet syndical sur le climat au Conseil économique, social et environnemental (CESE) les 14 et 15 septembre.

Des créations d’emplois, des garanties pour les salariés des énergies fossiles, des formations, de nouvelles qualifications, de bonne conditions de travail, une protection des populations les plus vulnérables et les plus touchées, des investissements publics, des services publics en première ligne… Au terme de deux journées de travaux, le mouvement syndical international a présenté ses revendications au président de la COP 21, le ministre des affaires étrangères français, Laurent Fabius. De vive voix.

« Dans mon pays, le futur c’était hier ». Ces mots de Massiel Figuereo, syndicaliste de la République dominicaine à la tribune du Sommet syndical sur le climat organisé par la CSI (Confédération syndicale internationale) ces 14 et 15 septembre à Paris, résument l’une des principales préoccupations exprimées par les participants face au réchauffement climatique et ses conséquences : l’urgence.

Périodes de sécheresse de plus en plus longues et incendies pour certains pays, typhons de plus en plus violents et inondations de plus en plus sévères pour d’autres, montée des eaux, destructions d’usines, d’habitations, de récoltes, de troupeaux, déplacements de populations, développement du travail de nuit pour échapper à la chaleur… de nombreux syndicalistes ont expliqué être -déjà- confrontés à ces situations.

« Il faut construire des droits et des compensations aux nouvelles contraintes »

L’autre inquiétude majeure exprimée dans l’hémicycle du Cese (Conseil économique, social et environnemental) durant ces deux jours a été celle suscitée par l’absence de toute référence à une dimension sociale dans le projet d’accord en cours de négociation entre les gouvernements et dont la version définitive devrait voir le jour à l’issue de la conférence des Nations Unies sur le changement climatique (COP 21) en décembre prochain à Paris.

Quatre jours auparavant, les syndicalistes avaient en effet pu constater, lors de la présentation officielle de la COP 21 par le président de la république François Hollande, que les organisations syndicales et la question sociale ne font pas partie du programme à ce jour.

Le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, président de la COP 21, ayant répondu à l’invitation de la CSI, a pu entendre en direct la réaction des dirigeants syndicaux ce 15 septembre au matin.

« En tant que sélectionneur, vous avez délibérément placé les organisations syndicales sur le banc de touche. Pour Force Ouvrière cela nous fait craindre que la feuille de match que vous êtes en train d’élaborer n’intègre aucune dimension sociale (…) Lutter contre le réchauffement climatique nécessite une adaptation au travail et est potentiellement créateur d’emplois. Les revendications de la CSI doivent être impérativement intégrées aux décisions concrètes engageant les Etats au sortir de la COP », a notamment déclaré Pascal Pavageau, secrétaire confédéral FO. « Pour les salariés on va avoir des transferts forcés, il faut donc construire des droits et des compensations à ces nouvelles contraintes et pénibilités. Il faut par conséquent renforcer le dialogue social au niveau des branches professionnelles », a souligné le secrétaire confédéral FO.

« Prendre la mesure du potentiel d’emploi qu’offre l’action contre le réchauffement climatique »

Bernadette Ségol, secrétaire générale de la CES (Confédération européenne des syndicats) a de son côté insisté sur le risque pour les Etats de « perdre le soutien d’une partie du monde syndical », expliquant au Ministre : « Nous sommes des responsables syndicaux qui ne sommes pas corporatistes, nous avons une vision globale de ce qu’il est nécessaire de faire pour le bien commun mais les travailleurs ont peur parce qu’ils vont perdre leurs emplois ».

Revoir à la hausse l’ambition de l’accord entre les Etats pour limiter le réchauffement climatique à moins de 2° et prendre la mesure du potentiel d’emplois qu’offre l’action contre le réchauffement climatique ; tenir l’engagement des pays développés de mobiliser 100 milliards de dollars d’ici à 2020 pour aider les pays et les populations les plus pauvres à s’adapter au changement climatique ; et enfin : s’engager à assurer une « transition juste » pour les travailleurs actuellement employés dans des branches d’activité à forte émission de carbone… Il revenait à Sharan Burrow, secrétaire générale de la CSI de transmettre ces trois demandes fondamentales de la CSI au Président de la COP 21, et même de lui faire signer, en un geste symbolique destiné à bien faire comprendre au ministre à quel point les participants au sommet comptent sur son engagement.

Si le ministre a volontiers apposé sa signature, ses propos n’ont pas totalement rassuré l’assistance. « Le ministre a rappelé les interventions standards du gouvernement français, que nous connaissons, mais nous ne voyons pas se concrétiser une démarche sociale », a notamment déclaré Pascal Pavageau lors de la conférence de presse à l’issue du sommet.

« La COP donnera-t-elle le financement nécessaire pour les pays et les populations les plus pauvres ? »

« J’ai vu de très belles choses à Paris, j’apprécie beaucoup le discours très encourageant du ministre. Mais je suis très nerveux quand je regarde ce qui se passe dans mon pays, au Ghana, où le chômage ne cesse d’augmenter où les plus pauvres doivent vendre leurs biens et se retrouvent à la rue. C’est encore pire dans d’autres pays, au Mali, au Tchad, au Niger… Pouvons-nous, M. Le Ministre, avoir votre assurance que ce que vous avez dit sera mis en œuvre et que notre nervosité pourra disparaître à la fin de la COP 21. La COP donnera-t-elle le financement indispensable ? » a interrogé, de la salle, un syndicaliste africain après l’intervention du ministre.

Par de là l’aide aux pays développés, la question du financement de la lutte contre le réchauffement climatique est apparue comme une question clé au cours des débats. Les syndicalistes ont insisté sur le rôle des services publics et sur la nécessité que les investissements nécessaires à la transformation industrielle et à la « transition juste » soient prioritairement publics. Plusieurs, comme le représentant de la Confédération brésilienne (CUT), celui du syndicat NUMSA d’Afrique du Sud, ou encore Pascal Pavageau pour FO ou David Boys, représentant de l’Internationale des Services Publics, ont clairement pris position contre les Partenariats –Public-Privé (PPP), estimant qu’un enjeu aussi important pour l’humanité que la lutte contre le réchauffement climatique ne doit en aucune façon passer sous le contrôle d’entreprises privées avant tout soucieuses de leurs profits.

 

France : état des lieux des conflits sociaux

Nous publions une étude d’Etienne Pénissat et Baptiste Giraud, parue dans Terrain de luttes, sur la conflictualité en France, dont on parle beaucoup depuis le conflit à Air France.
Cliquez pour la totalité de l’article : http://terrainsdeluttes.ouvaton.org/?p=5353

Grèves et conflits du travail en France : un état des lieux

Les conflits sont-ils devenus plus rares et plus violents ?

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La sur-médiatisation du conflit social à Air France illustre ce qui semble être désormais un discours convenu : la grève serait un archaïsme du syndicalisme français, d’autant plus illégitime qu’elle renvoie l’image d’une action « violente » qui ne concernerait plus que les salariés « protégés » du secteur public ou des transports, abusant de leur pouvoir de blocage de l’économie. Comme l’avait fait en son temps Nicolas Sarkozy en déclarant qu’on « ne voyait plus les grèves en France », Manuel Valls a défendu l’idée que le conflit d’Air France faisait exception. Partout ailleurs, dans le secteur privé en particulier, « le dialogue social » fonctionnerait bien. La « preuve » : d’après les statistiques publiques, le niveau des grèves n’aurait jamais été aussi bas en France.

En conclure que les grèves ont disparu et que les relations entre patrons et salariés se sont apaisées dans les entreprises du secteur privé relève pourtant d’une interprétation hautement contestable de ces données statistiques. Où en sont les conflits du travail en France ? Comment ont-ils évolué dans leurs formes et leur intensité ces dernières décennies ? Réponse en 5 épisodes.

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Grèce : reprise des mouvements sociaux

Nous reproduisons ci-dessous une dépêche  de RFI à Athènes sur une grève des marins démarrée le 3 novembre, contre la dégradation des régimes de retraite. D’autres mouvements sont en cours ou se préparent  : le 2 novembre, mobilisation des lycéens qui exigent des crédits pour l’éducation et précisent « qu’ils ne font pas de cadeaux pour leur rêve »;  le 4 novembre, assemblées générales dans les services publics municipaux, de 8h à 13h (mairies, crèches, garages, maisons pour personnes âgées); et le 12 novembre, grève générale appelée par tous les syndicats contre les mesures résultant du mémorandum.

 

Grèce : 15 000 marins en grève, aucun navire ne lèvera l’ancre ce mardi 3 novembre

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RFI, 3 novembre 2015 :

 correspondante à Athènes,  Charlotte Stiévenard

En Grèce, quasiment aucun navire ne lèvera l’ancre ce mardi. Les 15 000 marins grecs ont entamé une grève lundi 2 novembre. Ils protestent contre le projet de réforme demandé par les créanciers du pays sur leur système de retraites et la libéralisation de leur profession, notamment avec la privatisation des ports du Pirée et de Thessalonique. Lundi, la fédération panhellénique des marins a rencontré le ministre de la Marine au Pirée, sans succès.

Dans le port du Pirée, les ferries sont sagement alignés le long des quais. Ils ne bougeront pas avant mercredi soir. Nikos Lemonis est un ancien marin. Agé de 71 ans, il est venu manifester contre les coupes dans sa retraite : « Nous ne voulons pas de ça, nous avons travaillé en mer, nous avons gagné notre argent et ces voleurs d’hommes politiques du Pasok ou de la Nouvelle démocratie et aujourd’hui Syriza, coupent dans nos retraites. » Ainsi, il a aujourd’hui peur que sa retraite passe en-dessous de la barre des 1 000 euros par mois, alors que sa femme en vit aussi.

Les marins se disent déterminés. Mais pour Antonis Dalakogiorgos, le président du syndicat national de la marine marchande, les marges de manœuvre semblent réduites : « Encore une fois, nous avons pu constater que le gouvernement est engagé, et donc malheureusement soumis à ses engagements pour le mémorandum, qu’il suit, applique et met en œuvre. »

Le congrès de la CES a discuté du salaire minimum

Nous avions publié avant le congrès de la CES (fin septembre à Paris) des éléments de débats portés par les organisations, par exemple sur le salaire minimum, ou sur la réduction du temps de travail. Martine Hassoun, journaliste à Options, mensuel de l’Union générale des ingénieurs, cadres et techniciens (UGICT) CGT, nous autorise à publier son article rendant compte des débats du congrès, notamment sur le salaire minimum, la RTT et les réfugiés.

Accès à l’article complet : Syndicalisme européen def

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Syndicalisme européen

A la recherche d’un second souffle

Au cœur des débats du 13ème congrès de la CES qui s’est tenu du 29 septembre au 2 octobre dernier à Paris : la stratégie à adopter pour lutter contre les politiques d’austérité en œuvre sur le continent. Actions de lobbying ou campagnes revendicatives transnationales : le choix est resté ouvert. Echo.

Le 13ème congrès de la Confédération européenne des syndicats n’a pas dérogé à la règle. Une fois encore, c’est par l’allocution d’un haut dirigeant de la Commission européenne que les délégués ont débuté leurs travaux : cette fois, un vibrant plaidoyer de Jean-Claude Junker, son président, pour le développement des droits sociaux, la lutte contre la précarité et le renforcement du dialogue social en Europe… Au Palais de la Mutualité où se tenait la rencontre, ce discours prononcé par un homme qui accompagne depuis plus de dix ans toutes les politiques qui contredisent sans cesse ces objectifs n’a pas surpris outre mesure. L’Europe se cherche. A avoir méprisé les conditions de vie et les droits des salariés dans l’Union, elle suscite chaque jour un peu plus le rejet. Avec cinq millions de jeunes à la recherche d’un emploi et, selon l’ONG Oxfam, 123 millions de ses habitants « exposés au risque de pauvreté » partout sur le continent, les partis xénophobes gagnent du terrain. Au point qu’au sein de la Commission, les plus lucides estiment urgent de donner des gages de leur bonne volonté à maintenir un semblant d’Europe sociale.
Le syndicalisme doit-il y répondre ? Doit-il venir à leur secours pour remettre en selle un projet maintes fois piétiné depuis des années ? La question déjà posée en 2011, lors du congrès d’Athènes, a été omniprésente lors du congrès de Paris. « Si depuis 2008, la CES est parfaitement lucide sur les désastres auxquels mène l’économie libérale, explique Jean-Marie Pernot, chercheur à l’IRES, spécialiste du mouvement syndical international, elle n’a pas clarifié sa position quant aux institutions européennes ». Quelle ligne de conduite veut-elle adopter à l’égard de la Commission ? Quel rôle doit-elle s’assigner ? « Longtemps considérée comme une simple interface entre les autorités bruxelloises et les confédérales nationales, l’organisation n’a désormais plus d’interlocuteurs », assure Frédéric Imbrecht, responsable confédéral CGT en charge des questions européennes. « Depuis plus de quinze ans, l’organisation syndicale européenne s’affronte à une Commission qui se fait l’expression d’un patronat qui, pour déréglementer et privatiser, n’a pas besoin du syndicalisme européen ».

Salaire minimum : l’amendement de la CGIL

Dés lors, le débat ouvert : faut-il répondre aux appels du pied de Jean-Claude Junker, tenter de récupérer une place d’interlocuteur privilégié auprès des institutions européennes, afficher sa volonté pleine et entière de dialoguer avec une Commission et un patronat qui s’y refusent en attendant que le temps changent ? Ou, au contraire, la CES doit-elle prendre acte de la réalité, changer de cap et se réinventer, construire de nouvelles façons d’agir en usant de l’étendue de son réseau -90 organisations adhérentes dans plus de 39 pays représentants plus de 60 millions de membres- pour imaginer de nouvelles solidarités avec cette frange grandissante du salariat qui vit aux marges des droits et ne se reconnaît plus dans le syndicalisme national, a fortiori le syndicalisme européen ?
Bien sûr, les oppositions classiques entre les syndicats nordiques et ceux du Sud se sont à nouveau exprimées. Entre ceux pour qui la CES ne doit pas sortir du rôle qu’elle s’est longtemps assigné, celui d’être d’abord une structure de lobbying , et ceux pour qui elle doit être un outil pour aider à mieux coordonner des campagnes transnationales pour les intérêts des salariés européens, ainsi que le défendra Gail Cartmail, dirigeante des TUC britannique, les divergences de fond se rappelleront au bon souvenir des délégués. Pourtant, le combat engagé par la CGIL qui, le 1er octobre, a déposé un amendement réclamant l’instauration d’un « mécanisme de fixation d’un salaire minimum européen » a montré que rien n’est figé. Il n’y a pas si longtemps l’organisation s’opposait à un tel principe. Avec le DGB allemand même, elle le combattait. Désormais, elle milite pour. Et, surprise, une majorité de voix se prononceront en ce sens. « Un événement historique », dira Anne Dufresne, sociologue belge, spécialiste du mouvement syndical européen et présente ce jour là au palais de Mutualité.

La responsabilité des confédérations nationales

Les défis que la CES a à relever s’accumulent. De la manière dont elle veut s’attaquer à la déstructuration des conventions collectives, à la montée du travail indépendant ou aux attaques contre le droit de grève, elle n’a pas encore fixé de stratégies revendicatives. « Le temps presse », rappelle Joël Decaillon, ancien secrétaire général adjoint de l’organisation, aujourd’hui, vice-président de l’association Lasaire. « Aujourd’hui, en Grèce, l’assentiment de quatre salariés suffit, à établir un accord d’entreprise. En Grande-Bretagne et en Espagne, le droit de grève est sérieusement attaqué. Au Portugal, les deux-tiers des travailleurs ne sont plus couverts par la sécurité sociale, l’assurance chômage ou l’assurance retraite… Au risque de perdre sa crédibilité, le syndicalisme doit relever les défis qui lui sont lancés ». En Norvège, les « contrats permanent sans garantie salariale » ont fait leur apparition, témoignera un syndicalisme du bâtiment. Quelle stratégie pour demain ? « Quelles forces les confédérations nationales mettront-elles au service de ce combat pour avancer », demande plutôt Jean-Marie Pernot. « La CES n’est qu’une confédération de confédérations », rappelle-t-il. « Elle n’a de force que celle que les organisations de chaque pays veulent bien lui apporter ».
Au terme de quatre jours de débats, le 13ème congrès de la CES n’a rien tranché quant à l’avenir qu’elle veut se donner. Tout juste a-t-elle convenu qu’elle avait besoin d’un second souffle. Ses délégués se sont accordés à l’unanimité sur l’élection d’un nouveau secrétaire général : l’italien Luca Visentini, ancien dirigeant de l’UIL italienne. Ils lui ont fixé comme mandat de faire de la bataille pour l’investissement en Europe la première priorité de la Confédération européenne des syndicats (CES). Ils ont aussi voté un Manifeste réclamant « de meilleurs salaires », « des politiques pour des emplois verts » et « la fin de la spéculation financière » et se sont prononcés pour « l’implication de la CES dans l’élaboration des stratégies européennes en matière d’emploi, de politique économique et de politique sociale ».

Région, entreprises, ONG : de nouvelles coopérations possibles

Au-delà ? Pour Frédéric Imbrecht qui, avec la délégation CGT, a défendu lors de ce congrès un amendement pour « une réduction collective du temps de travail sans perte de salaire et avec embauche compensatoire », amendement déposé avec la CFTC française, la FGTB et la CSC belges, la CGT a à présent une priorité : faire vivre un syndicalisme européen proche des préoccupations et des revendications des salariés. « Elle doit pour cela s’y investir et donner vie à ces coopérations et ces solidarités qu’elle voudrait voir se construire dans l’Union ». Concrètement, explique-t-il, il ne s’agit pas seulement de mettre sur pied « une politique de cadres » pour alimenter les structures de la CES, il s’agit aussi de soutenir les coopérations transnationales qui s’organisent dans les fédérations, les régions ou les entreprises. Dans le Vaucluse, Emmanuel Wietzel, membre du collectif « international » de l’UGICT CGT, travaille avec le DGB de la région de Francfort autour de la lutte contre l’extrême-droite. Des coopérations nouvelles comme il pourrait s’en développer à l’avenir ? Des coopérations syndicales nationales et européennes avec les ONG et la société civile pour s’ouvrir, espère Joël Decaillon, à des champs revendicatifs nouveaux comme la lutte contre le réchauffement climatique ou les migrants… Demain, le syndicalisme européen ?
Martine Hassoun

 

SOLIDARITE REFUGIES : Une motion d’urgence
Adresse à la Commission et appel à la mobilisation syndicale : écho d’un échange avant le vote d’une motion sur la crise des réfugiés.

Comme le symbole de la concurrence de tous entre tous, la crise des réfugiés s’est tout naturellement imposée dans les débats du congrès. Et sans doute est-ce Oumar Diakhaby, jeune ingénieur électronicien, réfugié politique guinéen resté dix ans clandestin en Belgique, qui en a le mieux résumé les enjeux. Alors que les délégués s’apprêtaient à se prononcer sur une motion d’urgence consacrée au sujet (1), le militant syndical, aujourd’hui responsable du comité des sans-papiers de la CSC, a rappelé le 30 au matin cette évidence : sans politique ambitieuse des Etats, les réfugiés d’aujourd’hui risquent bien, demain, d’être les sans-papiers de demain. « Aussi grande soit la responsabilité des Etats à les intégrer, nous devons nous aussi endosser les nôtres, a-t-il lancé. Soit nous fermons les yeux, et admettons que, pour survivre, ils acceptent tout : des conditions de travail et d’emploi en dehors du droit ; l’exploitation et la discrimination. Soit nous militons pour changer leur situation et évitons qu’ils soient utilisés comme outils de dégradation continue des garanties collectives ».

D’autres militants s’exprimeront en ce sens. Ainsi, Reiner Hoffmann, président du DGB allemand, pour appeler le mouvement syndical européen à n’accepter « aucune dérogation d’exception à la revendication « à travail égal, salaire égal », condition sine qua non, dira-t-il, pour éviter « la confrontation entre les réfugiés et les demandeurs d’emploi ou les travailleurs pauvres ». Une déléguée suédoise témoigne d’un accord signé entre la Fédération européenne des syndicats de l’Alimentation et le patronat de son pays pour la création de 500 emplois pour les migrants en cours d’arrivée. De cinq cents emplois de qualité, respectueux du droit et des garanties collectives. Dans la motion votée au terme de cette session, le congrès reprendra autrement les préoccupations exprimées : en appelant la Commission européenne à faire respecter le droit de tout être humain à la protection. En soulignant la nécessité de services publics de qualité pour assurer un accueil décent.

M.H.
(1) voir sur https://www.etuc.org/fr/documents/motion

 

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