Mois: novembre 2014

Syndicalisme : débattons, c’est urgent !

Une nouvelle contribution collective au débat contemporain sur le syndicalisme vient de paraitre. Elle invite au débat, alors allons-y !

21ème siècle et syndicalisme : cinq défis à relever
Unissons-nous !
Ouvrage collectif coordonné par Jean-Claude Branchereau et Patrick Brody, avec la participation de Michel Angot, Gérard Billon, Alain Bonnet, Antoine Cathelineau, Gilles Desseigne, Elisabeth Labaye, Hervé le Fiblec, Thomas Petit, Jean-Marie Roux. Mais aussi : Joel Le Coq, Pierre Héritier, Gérard Aschieri, Christophe Delecourt, Jean Dunois.
Editions Syllepse, Paris, 2014, 10 euros.couv

Commençons par saluer les œillets rouges de la couverture, qui nous rappellent (clin d’œil) les tulipes rouges d’un autre petit livre (Nouveau siècle, nouveau syndicalisme, Syllepse, 2013) dont la publication a servi d’impulsion au blog Syndicollectif, lancé simultanément. L’œillet rouge, rappelons-le, symbolise la fête des travailleurs. Lesquels, aujourd’hui, ne sont pas à la fête. C’est le moins qu’on puisse dire et ce livre en porte la trace inquiète, plus encore que celui de 2013.
Autre différence, c’est un livre écrit par des syndicalistes exclusivement. Il devrait toucher plus large. Ils et elles viennent de la CGT, de la CFDT, de l’UNSA, de la FSU, de la CFTC, ce qui est déjà une réussite. Mais on peut regretter l’absence de Solidaires et de FO.
C’est aussi un livre qui met les pieds dans les plats, qui à maintes reprises ne mâche pas ses mots. Jusqu’à provoquer peut-être des interrogations, voire des réactions un peu vives, sur certains passages, parce qu’il lève des tabous, met le doigt où cela fait mal. Eh bien débattons ! C’est peut-être le meilleur service qu’il faut rendre à ce travail : provoquer l’échange, fraternel et exigeant à la fois, comme un des chapitres l’encourage lorsqu’il traite de la démocratie.
Le livre se divise en deux parties égales : la première est une écriture collective, explicitant les « cinq défis » à relever. La deuxième est une succession de contributions personnelles.

Premier défi : le défi du « revendicatif ». Jean-Marie Pernot, chercheur à l’IRES, l’avait déjà noté : « La façon de produire des revendications est au fondement de la capacité de représentation des syndicats » (Syndicats : lendemains de crise, Jean-Marie Pernot, éditions Gallimard, coll. folio actuel, 2005). Les « lendemains de crise » d’alors étaient ceux de l’échec de 2003 sur les retraites et il était noté déjà l’extraordinaire difficulté du syndicalisme à produire de la revendication collective. Plus de dix ans ont passé. Les auteurs insistent sur les restructurations dans le salariat, le poids du tertiaire, de la féminisation, de la sous-traitance adossée aux grands groupes mondialisés, etc. Dans ce contexte modifié, bien plus dégradé encore qu’en 2005, comment rediscuter de revendications « offensives » ou « défensives », comment passer de la formulation revendicative à l’action, à la proposition, la négociation, le compromis éventuel ? Les auteurs proposent une ligne de partage entre la nécessité du compromis (contre le « tout ou rien »), résultant d’un rapport de force constaté, et l’anticipation permanente du compromis encore appelé « adaptation ». Il définit une orientation : « La bonne négociation, c’est d’abord un rapport de force qui a été construit avant d’être un ‘dossier’ ». Le syndicalisme de dossier « éloigne » du terrain, le syndicalisme revendicatif doit s’y enraciner, même si une part institutionnelle doit être assumée. On aurait pu souhaiter préciser ce débat par des questions plus concrètes, comme par exemple l’absence de revendications salariales publiquement débattues aujourd’hui (hormis le SMIC), alors qu’on peut penser que c’est le b-a ba du syndicalisme. En revanche, le texte s’attarde sur le défi du « travail », c’est-à-dire « ce dont on parle au quotidien entre salarié-es, avec les mots de tous les jours ». Mais justement, produire du revendicatif à partir du travail, c’est un gros enjeu. Une révolution, pour le syndicalisme, et donc un vrai paradoxe (qui peut même produire du scepticisme chez certains).
La question unitaire- Le texte vise loin dans ce domaine, rien de moins que « l’unification du syndicalisme ». Une autre expression parle de la « volonté à terme d’unifier des organisations ». Soulignons : « des » organisations, ce qui semble plus restrictif, mais sans autre précision. Les auteurs n’hésitent pas à décrire les « freins » internes au syndicalisme à concevoir ne serait-ce qu’une démarche unitaire en continu, et même à dénoncer les faux discours préconisant l’unité, certes, mais « sur des bases claires », pour mieux justifier de ne rien tenter, discours souvent entendu dans la CGT et dans FO, mais aussi dans la CFDT pour des raisons opposées. La CFDT, c’est assez nouveau, assume maintenant l’existence d’un « syndicalisme réformiste » (avec l’UNSA), comme son secrétaire général Laurent Berger  l’a dit dans la presse avant son dernier congrès. Le résultat est que Thierry Lepaon, secrétaire général de la CGT, semble aussi reprendre ce constat. Ce n’était pas jusqu’ici l’orientation de la CGT, qui refusait le constat de « deux pôles » dans le syndicalisme (dont un pôle radical). Interviewé par l’Humanité Dimanche en septembre 2014, il explique : « Les salariés sont face à deux conceptions du syndicalisme. L’une fondée sur l’accompagnement social de décisions gouvernementales sous injonction patronale, et l’autre fondée sur la contestation de cette politique ». Dérapage de langage, ou théorisation nouvelle ?
Le problème est certes redoutable. Il n’échappe à personne que depuis la fin du conflit de 2010 sur les retraites et surtout depuis l’arrivée de François Hollande, la division syndicale est à son paroxysme : un pôle CFDT (souvent avec UNSA et/ou CFTC) qui approuve les dérives anti-sociales du gouvernement, et un pôle qui les conteste, mais incapable de s’unifier lui-même sur cette contestation. CGT, FO, FSU, Solidaires étaient d’accord pour refuser la réforme des retraites de 2013, refuser l’accord ANI de janvier 2013, refuser de siéger à la fausse conférence sociale de juillet 2014, refuser l’austérité des budgets 2015 (loi de finance et sécurité sociale), mais n’ont quasiment jamais agi en commun pour le dire. CGT et FO, chacune pour des raisons différentes, préfèrent plutôt agir seules (ce qui se traduit par des échecs répétés et dramatiques, notamment côté CGT). Comment résoudre ce problème ?
Les auteurs contestent eux aussi « le classement artificiel en deux camps ». Mais comment avancer vers des rapprochements même « modestes » au départ, comme cela est proposé ? Les auteurs citent la proposition faite par Joel Le Coq, ancien dirigeant de la Fédération transport CFDT, d’un « Conseil national permanent du syndicalisme », créant une « dynamique se déclinant sur les territoires et les branches ». Il serait cependant nécessaire de préciser davantage comment avancer dans cette voie, par exemple en prenant des exemples précis, localement ou professionnellement, où des pas en avant de ce type seraient expérimentés. Les auteurs demandent de mettre en sourdine les vieilles « querelles historiques », sans doute celles issues de la guerre froide. Certes ! Cette remarque est sans doute valable pour les relations FO et CGT. Mais est-ce aujourd’hui le problème principal qui bloque les cassures intersyndicales confédérales ? Peu probable. Il y a bien, au fond, un problème de choix stratégique actuel. Ce qui ne signifie pas du tout que ces choix stratégiques différents doivent être brandis, par exemple devant les syndicats de base de la CFDT mis en accusation, alors que ceux-ci manifestent assez souvent une pratique décalée, pour le moins, par rapport à celle de la direction confédérale (exemples : les syndicats CFDT de Sanofi, Mory Ducros, La Redoute).
Il y a donc nécessité d’une politique d’ouverture permanente et intelligente pour avancer vers un débat intersyndical public au sein d’un Conseil national du syndicalisme. Mais celle-ci serait d’autant plus efficace s’il existait un rapport de force pour la défendre, et donc un début de rapprochement plus structuré entre des organisations qui, régulièrement, manifestent des positions convergentes (exemple : CGT, FSU, Solidaires). Mais personne ne le propose (qui sait encore que CGT et FSU ont entamé un processus de rapprochement ?) et les auteurs du livre n’en parlent pas clairement. A moins que cela soit la signification de l’expression : « …unifier des organisations » ? Les auteurs exhortent les syndicalistes à ne pas se satisfaire de la situation démoralisante et démobilisatrice qui prévaut aujourd’hui. Ils avancent aussi des propositions sur la nécessité de soutenir le mouvement associatif, de créer des collectifs partiels ou ponctuels (exemple : le Comité de liaison intersyndical du commerce de Paris, ou CLIC-P), de comprendre que le syndicalisme n’est pas la totalité du mouvement social, et même de prendre parfois l’initiative de « comités de grève », si la situation s’y prête.
Troisième défi : la démocratie. « La démocratie– écrivent les auteurs- ce n’est pas seulement le choix entre plusieurs offres, c’est aussi un pouvoir d’agir ensemble ». Le livre explore bien comment la profession de foi démocratique de tout le syndicalisme peut être en réalité peu perçue par un salariat, et notamment des jeunes, qui le ressentent trop comme une machine institutionnelle extérieure à leur vie et leurs urgences. Le livre plaide donc pour une démocratie réellement « participative », contre les pratiques unanimistes. La démocratie est une « culture », il faut que les « citoyens syndicaux » se sentent vraiment à l’aise, pour éviter le syndicat passoire, où l’on vient le temps d’un problème à résoudre, et que l’on quitte parce qu’on ne parvient pas à s’y sentir bien, écouté, reconnu. Le livre met courageusement le doigt sur ceux qu’on appelle les « indéboulonnables », qui occupent des fonctions dirigeantes parfois depuis très longtemps, et qui ne donnent pas envie. Les auteurs n’hésitent pas non plus à remettre au goût du jour les deux espaces du débat et de la décision : dans le syndicat et avec tous les salarié-es, « qui se prononcent en dernier lieu », les deux espaces étant dans un rapport dialectique. S’il y a plusieurs positions, il s’agit de chercher des « synthèses », ou encore de fabriquer « l’idée du commun ou de la décision co-élaborée ».
Mais deux aspects mériteraient de plus amples précisions. Il conviendrait d’analyser plus en finesse pourquoi dans certaines traditions syndicales, le débat pluraliste est difficile à cause d’un refus spontané des salarié-es d’assumer des choix entre plusieurs positions. Choisir est parfois angoissant. Pluralisme et besoin d’unité, de faire front commun, ne se marient pas toujours facilement, lorsqu’on est victime de domination et qu’il s’agit d’y résister. C’est peut-être une attitude aujourd’hui en voie de dépassement (voire même de transgression dans un foisonnement contemporain des idées), car elle peut résulter d’un manque d’assurance dû à une insuffisance scolaire, autrefois plus évidente. Deuxième question, inverse de la précédente. La démocratie est certes un art de l’animation collective, et la recherche de synthèse, pour que chacun-e puisse trouver sa place. Mais avoir le droit de tout dire individuellement n’épuise pas la question démocratique. Celle-ci implique aussi la reconnaissance du fédéralisme, c’est-à-dire des collectifs militants, qu’ils prennent la forme de syndicats, d’unions de syndicats, d’unions territoriales, de fédérations, qui doivent avoir de grandes libertés de positions et d’action. Il y a des congrès syndicaux qui sont théoriquement des congrès de syndicats de base, mais qui n’organisent pas clairement la circulation libre de positions d’instances collectives. Les congrès confédéraux ne font pas circuler explicitement la (ou les) position débattue dans les structures fédérales ou interpro locales. Pourtant, cela permettrait de structurer les débats, les éclairer, d’aider les délégué-es à se repérer, surtout lorsqu’ils-elles en sont à leur premier congrès. Cette pratique a été autrefois davantage celle de la CFDT, plus que la CGT, même si les temps ont changé.
Quatrième défi, le rapport au « politique » et l’indépendance– Ce chapitre comporte un aspect historique qui pose problème. Et une partie d’actualité intéressante. La partie historique revient bien sûr sur le syndicalisme fondateur de la Charte d’Amiens de 1906. Certaines affirmations nous paraissent un peu rapides, voire inexactes. Le texte dit que « les syndicalistes [ceux de 1906] n’imaginaient pas une seconde que la puissante transformation sociale à laquelle ils aspiraient puisse se réaliser par le biais d’une action politique telle que toute récente SFIO, créée l’année précédente, pouvait l’envisager ». Ils étaient dans le syndicalisme « d’action directe », qui seul comptait. C’est aller un peu vite en besogne. Certes, le syndicalisme dit « révolutionnaire » était majoritaire à Amiens, il animait la CGT. Mais les rapports au politique sont plus complexes dès la fin du 19ème siècle (voire avant dans la Première internationale qui associait syndicalisme et politique, mais aussi dans le syndicalisme des mineurs ou des cheminots, qui agissait pour des « lois »), et parmi les offres syndicales, il y a celle défendue par les guesdistes (dans le textile), en phase avec la conception dominante dans la Deuxième internationale : le parti dirige ! Cette conception dominante, notamment en Allemagne, a bien entendu été continuée et exacerbée dans le bolchévisme et la fameuse théorie de « la courroie de transmission » (pour une approche plus complète : Syndicalisme et politique, René Mouriaux, Editions ouvrières, 1985). Mais il serait erroné de sous-entendre que seule la culture communiste en est responsable, comme le texte le fait. C’était au tournant du siècle la culture dominante, sauf en effet en France (pas seulement), mais elle y était bien présente et le débat d’Amiens en témoigne. Jaurès tentera une synthèse, sans avoir le moyen ou le temps d’aller au bout (voir notre propre travail sur ce plan dans Nouveau siècle, nouveau syndicalisme).
Le texte a pourtant totalement raison de décrire ensuite, comme un résultat du mythe d’Amiens mal digéré et en définitive peu appliqué (puisque les crises et scissions syndicales, au moins jusqu’en 1948, sont des produits directs de divergences politiques internationales), une « mauvaise conscience vis-à-vis du politique ». Au début des années 1990, dans la CGT, ceux qui ont été surnommés de l’affreux nom de « modernistes », ont très justement expliqué dans un livre collectif qui fit du bruit avant le congrès de 1995, que c’est parce que le syndicalisme n’avait pas assez fait de politique par ses propres moyens, qu’il avait fini par tomber sous la coupe des partis et qu’il avait perdu son indépendance (Faut-il réinventer le syndicalisme, Lydia Brovelli, Gérard Alezard, Gérard Delahaye, Jean-Michel Letterrier, éditions de l’Archipel, 1995). C’est la même idée qu’explique ce chapitre du livre en disant que le syndicalisme qui refuse d’entrer dans le dialogue avec les partis politiques leur « déleste » en fin de compte « la responsabilité de la transformation sociale ». Le texte préconise en conclusion un « rapport d’égal à égal » avec les forces politiques de transformation, estimant à juste titre qu’il n’est pas « moins légitime » que les partis pour produire des analyses, des propositions, etc. Et qu’il ne s’agit pas plus, dès lors, que le syndicalisme interpelle le politique pour le sommer de reprendre ses propositions, ni de se concevoir comme de simples « boites à idées » dans lesquelles les partis puiseraient à leur guise (une « récupération », disons le mot) lorsqu’ils sont à court de projet. Les partis doivent s’imprégner de la méthode de réflexion syndicale dans sa « globalité », du rythme qu’elle impose, de sa rigueur pratique. Inversement, le syndicalisme affiche ses projets politiques au sens noble, non pour qu’ils soient repris, mais confrontés à l’agenda politique, aux questions juridiques, etc. Exemple type d’un dialogue qui devrait avoir lieu mais tourne court dans la confusion : la sécurité sociale professionnelle, dont la portée est immense, pour qui veut la voir.
L’Europe et l’international. Le texte énumère des propositions qui pourraient faire avancer plus nettement l’élaboration d’une pratique conséquente en la matière, à travers la coordination des Comités de groupe des entreprises, l’apport possible des conseils syndicaux interrégionaux (les régions frontières entre états comme par exemple la région jouxtant le Luxembourg, la France, la Belgique) dans la mise en avant de « propositions partagées », le dépassement du syndicalisme de lobbying qu’a pu être la Confédération européenne des syndicats (CES) par une vraie « mise en réseau » des syndicats qui la composent, afin d’être en capacité d’élaborer des revendications fédératives : l’approche d’un SMIC européen par exemple. Mais plus ce travail de mise en commun progresserait, plus il toucherait à un point « sensible » : des « transferts de souveraineté » entre le syndicalisme national et la dimension européenne. Un autre point difficile est l’articulation entre l’apport des fédérations internationales, d’emblée centrées sur la mondialisation des grands groupes, et la régionalisation du syndicalisme interprofessionnel (mais aussi par branche) dans un espace institutionnel assez bien balisé tel que l’Europe. Relire à ce sujet l’article de Corinne Gobin et Kevin Crochemore (dans Nouveau siècle, nouveau syndicalisme), mais aussi Le syndicalisme au défi du 21ème siècle (Coordination René Mouriaux, Jean Magniadas, Syllepse, 2008), ainsi que la chapitre international de Jean-Marie Pernot (Syndicats : lendemains de crise, déjà cité).
La deuxième partie du livre contient des contributions individuelles et des textes déjà parus pour partie en tribunes (dans l’Humanité ou dans Libération), comme par exemple l’appel à un « choc de syndicalisation » et à un « syndicalisme de masse puissant et démocratique » (Patrick Brody, Gérard Billon). On lit une critique syndicale de la rengaine de la compétitivité (Thomas Petit), une alarme sur le Front national (« parti du salariat » ?) et une bonne analyse de son discours social (par Hervé le Fiblec). Joel Le Coq propose de quitter les habitudes de « verticalité » du syndicalisme pour mieux profiter des liaisons « horizontales et fluides » apportées par les réseaux sociaux, ce qui peut bousculer des routines vieillotes. Pierre Héritier, ancien secrétaire national de la CFDT, propose un texte plein de questions mais qui mériterait à lui seul toute une discussion, par exemple sur la « démocratie sociale et économique », sur la notion de classe ouvrière qui n’a pas « disparue puisqu’on licencie encore des ouvriers » ! Il revient aussi sur le conflit de 2010, sur la démocratie, sur l’unité, etc. Gérard Aschieri, ancien secrétaire général de la FSU, s’alarme de la cote de confiance en berne du syndicalisme, et préconise entre autre de « travailler la question du travail ». Christophe Delecourt (UGFF CGT) et Jean Dunois (retraité CGT) reviennent encore sur les rapports syndicalisme et politique, notamment en remémorant des périodes d’actions communes fortement restées en mémoire (Rassemblement populaire juste avant 1936, Conseil national de la Résistance en 1944).

Dominique Mezzi

 

Fichier joint : 21ème siècle, cinq défis

 

 

CGT : un appartement qui précipite une crise

Un simple appartement, mais trop chèrement rénové, et sans aucun contrôle collectif : les 105 000 euros de réfection de l’appartement de Thierry Lepaon, secrétaire général de la CGT, n’ont pas fini d’alimenter la chronique. Mais il se pourrait que cette affaire malencontreuse ne soit qu’une partie de l’iceberg  et qu’un « précipité » de crise bouleverse la première confédération syndicale française, augurant peut-être mal de son 120ème anniversaire en 2015.   La CGT  a traversé bien des crises (voir le dernier chapitre de l’ouvrage collectif Nouveau Siècle, nouveau syndicalisme– Syllepse, 2012). Elle a sans doute la richesse collective pour surmonter celle-ci. Tout dépendra sans doute de la capacité du corps militant à relever le défi de la démocratie « manquante », alors que les anciennes procédures de contrôle interne sont caduques depuis les années qui ont suivi la chute du mur de Berlin.

Nous publions ici l’éclairage donné par Jean-Marie Pernot dans une interview au mensuel Alternatives économiques.

 

« Le risque, c’est que la CGT finisse par ne plus déranger »

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couverture

L’affaire des 130 000 euros de travaux de rénovation au domicile de fonction du secrétaire général de la CGT Thierry Lepaon, financés par le syndicat, secoue profondément l’organisation et ses militants. Une crise qui révèle un malaise plus profond. Jean-Marie Pernot, spécialiste des relations sociales, grand connaisseur de la centrale de Montreuil, en détaille les causes et explique pourquoi la CGT ne parvient pas à lancer les chantiers essentiels qui la propulseraient dans le XXIe siècle.
L’affaire de l’appartement de Thierry Lepaon va-t-elle laisser des traces en interne ?
Une affaire comme ça marque les esprits des militants et des adhérents de la CGT qui n’apprécient pas ce qu’ils considèrent comme des goûts de luxe. La fuite est faite pour déstabiliser, mais au-delà de Thierry Lepaon, c’est tout l’appareil qui est ébranlé. Cela renvoie à plusieurs causes, la plus immédiate étant les plaies non cicatrisées qu’avait ouvertes la succession mal assurée de Bernard Thibault. Il y a ensuite de vraies dissensions au sein de la centrale, ce qui n’est pas illégitime dans une situation syndicale aussi complexe ; mais le moins qu’on puisse dire est qu’il ne s’agit pas de la meilleure façon de les traiter. L’appareil s’est refermé sur ses propres tensions depuis un peu plus de trois ans au détriment de l’image de la CGT qui semble n’avoir pas grand-chose à dire aujourd’hui à la société et aux salariés.
Peut-on réduire les problèmes de la CGT à une affaire de succession mal gérée ?
La compétition pour la succession et la nécessité pour un nouveau secrétaire général d’imposer sa légitimité sont des processus nouveaux pour la centrale de Montreuil. Avant, le choix du secrétaire général se décidait ailleurs, par exemple au Bureau politique du Parti communiste (PC) et ça suffisait à produire et la décision et la légitimité. Louis Viannet, qui a rompu le lien organique au PC, a géré autrement sa propre succession. C’était aussi une autre période, plus facile. Bernard Thibault avait été la figure marquante du mouvement social de 1995, il incarnait un renouveau et Louis Viannet n’a eu aucun mal à l’adouber comme successeur. La très difficile bataille de 2012 qui a fini par donner les clés à Thierry Lepaon a  montré que la centrale n’avait pas encore de règle interne éprouvée pour choisir ses dirigeants et même plus généralement pour arbitrer les différends qui la traversent.
Thierry Lepaon a pris la tête de la CGT en mars 2013. Cela fait un an et demi. N’est-ce pas suffisant pour tourner la page ?
Le temps des institutions est un temps long, sans doute trop long, et le secrétaire général de la CGT est une institution. Il concentre un besoin de cohérence d’autant plus grand que la fin du contrôle externe sur la CGT par le PC a révélé son incroyable diversité professionnelle et même politique. Le secrétaire général est plus encore qu’auparavant le point focal de la centrale. Bernard Thibault est plutôt bien parvenu à tenir ce rôle référentiel jusqu’à ce qu’on assiste après 2010-2011 à une « refermeture du 8ème étage » – où se trouve le bureau du secrétaire général – et qu’il rate finalement sa sortie. Mais au-delà des hommes, le problème de fond est que la CGT ne parvient pas à faire ce qu’elle a décidé.
Des bilans ont été réalisés, des décisions prises lors de Congrès mais la CGT peine à bouger : elle reste accrochée au syndicat d’entreprise et à ses vieilles fédérations de branche, alors que le salariat et les frontières de l’entreprise ont profondément changé. L’entreprise n’est plus une communauté de travail et la branche ne répond pas entièrement aux besoins de solidarité. Il faut élargir, bouger, s’ouvrir dans un contexte évidement difficile mais la reconquête est à ce prix. A la CGT, chacun travaille dans son coin, y compris pour y conduire parfois de nouvelles et intéressantes initiatives. Mais elle reste encadrée par ses grands féodaux. Par exemple, la SNCF est devenue le premier opérateur routier, mais la CGT garde sa « grande » fédération des cheminots, tandis que les routiers sont organisés dans la fédération des transports. La journée d’action du 4 novembre a fait un flop mais c’était une des premières fois où ces deux fédérations menaient l’action ensemble pour poser une vraie question. C’est dommage de gâcher ça. L’organisation reste dispersée, atomisée, elle ne parvient pas à lancer les chantiers essentiels qui la propulseraient dans le XXIe siècle alors qu’elle dispose encore d’une grande richesse militante.
Pour contrer la polémique sur son appartement de fonction, Thierry Lepaon a avancé que « visiblement, [la CGT] dérangeait beaucoup »
Le risque, c’est qu’à force de coups comme ça, la CGT finisse par ne plus beaucoup déranger. Elle apparaît isolée et repliée sur ses conflits internes. Ses propositions sont inaudibles. Que dit-elle au pays, aux salariés, en dehors d’inviter à des journées d’action à répétition qui sont autant de flop ? Ce silence est même perçu dans les arènes internationales, par exemple dans la Confédération européenne des syndicats (CES), où Bernard Thibault avait réussi à redorer le blason de la CGT.
Les autres syndicats sont-ils plus audibles ?
Tout le mouvement syndical, et pas seulement la CGT, est à la peine. Face à un patronat qui fait preuve d’arrogance et à un gouvernement qui, derrière l’incantation au dialogue social, ne fait en réalité pas grand cas des syndicats, les marges de manœuvre sont étroites.
La CFDT a choisi la négociation et la signature par principe, elle est aujourd’hui dans une impasse stratégique. Elle n’a aucun partenaire stable et consistant pour négocier. Manifestement aucune des deux centrales n’a la solution. La seule issue est que CGT et CFDT parviennent à la construction d’un compromis entre elles. C’est la voix de passage pour que le syndicalisme redevienne audible dans ce pays. Il y a des divergences, il y en a toujours eu, même dans les périodes d’unité. La notion de compromis est peu comprise dans notre pays : en l’occurrence, c’est une simple affaire de volonté partagée, et là où il a une volonté, il existe un chemin.
Lors du comité confédéral national (le parlement de la CGT) du 4 novembre, Thierry Lepaon a reconnu une « faute collective ». Il entend renforcer son bureau confédéral qui compterait deux membres supplémentaires et recruter un directeur financier qui viendrait épauler l’administrateur de la CGT. Est-ce souhaitable ?
Thierry Lepaon souhaite sans doute faire monter des proches au bureau confédéral qui compte aujourd’hui 10 membres. Quant à la nomination d’un directeur financier, il s’agit peut-être de faire évoluer le poste d’administrateur de la CGT qui a un rôle particulier parce qu’il est également trésorier et membre du bureau confédéral. Mais il n’est pas sûr que ça suffise à faire évoluer les institutions pour mettre la CGT en mouvement. Les chantiers cruciaux sont ailleurs. La centrale réfléchit aux évolutions du travail. Elle a des idées. Il est nécessaire qu’elle sorte des expérimentations pour les faire vivre grandeur nature.
Propos recueillis par Sandrine Foulon

 

 

Décembre 1914 : Pierre Monatte démissionne du Comité confédéral CGT

Alors que de tous côtés, et de mille façons (certaines passionnantes), sont évoqués l’histoire et le contexte de la guerre mondiale 1914-1918, cette lettre du responsable syndical Pierre Monatte (1881-1960)  à la direction de la CGT montre à quel point l’entrée en guerre en août 1914 a très vite balayé  les engagements antérieurs pour la paix, qui étaient pourtant ceux de tout le mouvement ouvrier, syndical et politique. Ecrivant à son syndicat, Pierre Monatte n’hésite pas d’ailleurs à rappeler les résolutions du mouvement socialiste international, malgré la Charte d’Amiens stipulant que le « politique » doit rester « au dehors » du syndicalisme.  Mais la politique, celle de l’Etat ! était en train d’entrer dans le syndicalisme et d’en changer le contenu. Cette protestation de Pierre Monatte contre l’adaptation au nationalisme guerrier, contre lequel se positionnaient toutes les résolutions internationales des partis socialistes et du syndicalisme, singulièrement en France avec une CGT syndicaliste révolutionnaire (dont Monatte, fondateur de La Vie ouvrière, était une figure),  qui avait mené campagne contre l’ennemi intérieur, sonne aussi étrangement par son actualité, lorsque des propagandes gouvernementales et des médias soufflent la bonne pensée, et que certains sommets syndicaux s’alignent.

Jean Jaurès a été assassiné quelques mois auparavant : il fallait sans doute cette mort physique pour que la mort symbolique de la conscience internationaliste ouvre la voie à la régression des consciences, à « l’union sacrée« , c’est-à-dire à la naissance des pactes nationaux par lesquels le syndicalisme entre à ce moment dans une nouvelle phase : les débuts de son incrustation institutionnelle dans l’Etat.

 

 

Pierre Monatte
Lettre de démission au Comité Confédéral de la C.G.T.
Décembre 1914

Camarades,
Après le vote émis dans sa séance du 6 décembre par le Comité Confédéral, je considère comme un devoir de renoncer au mandat que vous m’aviez confié.
Voici les raisons qui ont dicté ma détermination : au cours de ces cinq derniers mois, c’est avec stupeur, avec douleur, que j’avais vu le Comité Confédéral enregistrer purement et simplement l’acceptation par son secrétaire général d’une mission officielle de commissaire de la nation.
Quelques semaines plus tard, la Commission Confédérale envoyée à Bordeaux consentir à faire une tournée de conférences pour le compte du gouvernement.
Des militants syndicalistes, des fonctionnaires d’organisations, tenir un langage digne de purs nationalistes. Aujourd’hui, le Comité Confédéral vient de refuser sa sympathie aux efforts tentés eu vue de la paix par les socialistes des pays neutres. Pour le Comité Confédéral, parler en ce moment de paix constituerait une faute, presque une trahison, une sorte de complicité dans une manœuvre allemande, tout comme pour Le Temps et pour le gouvernement.
Dans ces conditions, il m’est impossible de rester plus longtemps dans son sein, car je crois, au contraire, que parler de paix est le devoir qui incombe, en ces heures tragiques, aux organisations ouvrières conscientes de leur rôle.
Le 22 novembre, le secrétaire confédéral donnait connaissance au Comité d’une invitation à la Conférence des socialistes des pays neutres organisée à Copenhague, pour les 6 et 7 décembre par les partis socialistes scandinaves.
M’opposant au passage à l’ordre du jour, je faisais la proposition suivante : que la C.G.T. répondit en assurant les socialistes scandinaves que, s’il nous était impossible d’envoyer un délégué, nous suivrions cependant leur efforts en faveur de la paix avec la plus grande sympathie et que nous faisions des vœux pour le succès de Copenhague.
A la séance du 29 novembre, la fédération des Métaux déposait une résolution motivée, inspirée du même esprit, à laquelle je me ralliai avec empressement.
Comment et par qui elle fut combattue ? Par quels arguments ?
Il serait trop long de le dire ici ; mais les procès-verbaux du Comité Confédéral 22 novembre, 29 novembre et 6 décembre vous fixeront sans doute un jour prochain.
Le 6 décembre, le Comité Confédéral se trouvait devant trois propositions : une première, de la Fédération du Bâtiment, tendant à ne faire aucune réponse ; une seconde, de Luquet, comportant des restrictions importantes et l’accord de la C.G.T. et du Parti sur un texte commun de réponse ; enfin celle des Métaux. Le Comité se prononça d’abord sur la proposition à caractère préjudiciel du Bâtiment, l’adoptant par 22 voix contre 20 et 2 abstentions. Il est hors de doute que la proposition des Métaux aurait été écrasée, le 6 décembre, par une forte majorité.
Ainsi, une nouvelle fois, des appels socialistes en faveur de la paix n’auront trouvé aucun écho dans les organisations centrales françaises, ni dans la presse ouvrière de ce pays, celle-ci allant même jusqu’à refuser de les reproduire. Appels et initiatives conformes cependant à la résolution des congrès socialistes internationaux de Stuttgart, de Copenhague et de Bâle, qui déclare :
 » Au cas où la guerre éclaterait néanmoins, c’est le devoir (aux classes ouvrières) de s’entremettre pour faire cesser promptement et d’utiliser de toutes leurs forces la crise économique et politique créée par la guerre pour agiter les couches les plus profondes et précipiter la chute de la domination capitaliste « .
Ce devoir, Keir Hardie et l’Indépendent Labour Party, en Angleterre, se sont efforcés, dès le premier jour, de le remplir ; ainsi que les deux partis socialistes russe ; de même que les socialistes italiens et suisses dans leur Conférence de Lugano et le parti socialiste américain par son initiative d’un Congrès socialiste international extraordinaire.
C’est le devoir que vient de remplir Karl Liebknecht et avec lui une minorité du parti socialiste allemand par sa protestation au Reichstag, le 2 décembre :
 » Une paix rapide qui n’humilie personne, pour une paix sans conquêtes, voilà, déclare-t-il, ce qu’il faut exiger. Tous les efforts dirigés dans ce sens doivent être bien accueillis.
Seule, l’affirmation continue et simultanée de cette volonté, dans tous les pays belligérants, pourra arrêter le sanglant massacre avant l’épuisement complet de tous les peuples intéressés.  » Seule, une paix basée sur la solidarité internationale de la classe ouvrière et sur la liberté de tous les peuples peut être une paix durable. C’est dans ce sens que les prolétariats de tous les pays doivent fournir, même au cours de cette guerre, un effort socialiste pour la paix « .
Il est incompréhensible, dans une certaine mesure, que les masses du peuple, trompées et excitées journellement par la presse, par toute la presse, aient accepté comme articles de foi toutes les déclarations gouvernementales.
Mais que les militants du syndicalisme n’aient pas montré plus de plus de clairvoyance, qu’ils n’aient pas apporté plus de sens critique à l’examen des allégations gouvernementales, qu’ils se soient laissé gagner par la fièvre de la vanité nationale, qu’ils aient perdu le souvenir des principes qui guidaient jusqu’à maintenant leur action, voilà le plus attristant spectacle.
Quand Poincaré, il y aura deux ans le mois prochain, monta à la présidence de la République, certains d’entre nous se dirent :  » Nous aurons la guerre avant la fin de son septennat « .
Nous l’avons eue moins de deux ans après. Cette guerre prévue, redoutée par nous, cette guerre voulue, préparée par nos politiciens de l’esprit national, c’est elle que la majorité du Comité Confédéral envisage maintenant comme une guerre de libération pour l’Europe, comme une guerre capable de porter la liberté et la République à l’Allemagne et de ruiner le militarisme universel.
Quelle illusion !
Cette guerre, dont l’attentat de Sarajevo ne fut que le prétexte, a ses sources réelles dans le duel économique anglo-allemand et dans la rivalité germano-slave.
L’alliance russe, déjà la honte de la République française, a précipité notre pays dans le gouffre. L’alliance russe et les ambitions marocaines de nos coloniaux. Le Kaiser n’a fait qu’avancer l’heure de la conflagration européenne. Sa responsabilité en est plus lourde que celle d’aucun gouvernement ; mais celle des gouvernements français, russe et anglais n’est pas légère.
Encore n’est-il pas établi que le gouvernement français ait tout fait pour sauvegarder la paix dans la dernière semaine de juillet. Nul ne doute que la diplomatie secrète – aux méfaits tant de fois dénoncés – ait joué un rôle considérable dans la déclaration de la guerre.
Les travailleurs conscients des nations belligérantes ne peuvent accepter dans cette guerre la moindre responsabilité ; elle pèse, entière, sur les épaules des dirigeants de leurs pays. Et loin d’y découvrir des raisons de se rapprocher d’eux, ils ne peuvent qu’y retremper leur haine du capitalisme et des Etats. Il faut aujourd’hui, il faudrait plus que jamais conserver jalousement notre indépendance, tenir résolument aux conceptions qui sont nos nôtres, qui sont notre raison d’être.
Si on les croit fausses, qu’on le dise !
Alors seulement on aura le droit de faire du nationalisme sous toutes ses formes, nationalisme politique et nationalisme économique. Mais je crains fort que nos organisations centrales, en France comme en Allemagne, C.G.T. comme Parti socialiste, Union Syndicale internationale comme Internationale socialiste, n’aient signé leur faillite. Elles venaient de se révéler trop faibles pour empêcher la guerre, après tant d’années de propagande organisatrice. Mais on pouvait encore se dire que la faute en incombait peut-être aux masses restées à l’écart et qui n’avaient pas compris les devoirs de l’internationalisme.
Cette dernière lueur d’espoir vacille sous les paroles des militants d’un pays à l’autre. C’est au centre que le feu, c’est-à-dire la foi, a manqué.
Si l’humanité doit connaître un jour la paix et la liberté, au sein des Etats-Unis du monde, seul un socialisme plus réel et plus ardent, surgissant des désillusions présentes, trempé dans les fleuves de sang d’aujourd’hui, peut l’y mener.
Ce n’est pas, en tout cas, les armées des alliés, non plus que les vieilles organisations déshonorées qui le peuvent. C’est parce que je crois, chers camarades du Gard et du Rhône que la C.G.T. s’est déshonorée par son vote du 6 décembre, que je renonce, non sans tristesse, au mandat que vous m’aviez confié.

 

 

Manifestation 15 novembre : la fédération chimie CGT s’engage, l’appel unitaire CGT, FSU, Solidaires de Nantes

Parmi les structures syndicales qui s’engagent le 15 novembre, certaines reproduisent les documents du Collectif Alternative à l’Austérité (AAA) dans leur réseau, mais d’autres élaborent leur propre matériel et leurs propres argumentations pour se joindre à cette action. Nous reproduisons ici les documents de la fédération chimie CGT. A Nantes, il faut noter un appel unitaire CGT, FSU, Solidaires.

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L’appel et les signataires pour la journée unitaire contre l’austérité du 15 novembre

Nous reproduisons l’appel à manifester du collectif Alternative À l’Austérité déjà publié sur ce blog, avec en plus les premiers signataires – syndicalistes, politiques, associatifs, personnalités – qui symbolisent la diversité des parties prenantes.

L’appel maquetté est téléchargeable ici.

MOBILISATION NATIONALE, LE 15 NOVEMBRE !

La coupe est pleine ! Le pays s’enfonce dans la crise avec son cortège de misère, de chômage, de précarité, de violentes divisions. Depuis des années la droite et, depuis 2012, François Hollande, les gouvernements Ayrault et Valls poursuivent le même but dans le cadre des traités européens et en accord avec les dirigeants de l’Europe libérale : austérité, compétitivité par la baisse du coût du travail, reculs sociaux, coupes claires dans les dépenses publiques. Ces politiques ont échoué partout comme elles échouent en France : elles nourrissent la crise, creusent tout à la fois les inégalités et les déficits.

Dans son immense majorité le peuple rejette cette politique imposée sans débat et avec autoritarisme. Cette situation créée une grave crise politique dont la droite et l’extrême-droite porteuses de graves projets de régression tentent de tirer profit.

Il est temps d’arrêter cet engrenage. Il faut dire non à la loi de finances 2015 présentée par Manuel Valls qui, pour satisfaire les cadeaux faits au CAC 40, dans le cadre du pacte de responsabilité, coupe massivement dans les dépenses publiques. Il se traduirait par le recul des services publics et de ses missions, un étranglement financier des collectivités locales et de leur capacité d’investir. Il faut aussi empêcher les reculs budgétaires de la protection sociale qui remettent en cause les acquis pour la santé, la retraite, la famille, les chômeurs.

D’autres choix sont pourtant possibles. Nous ne sommes pas condamnés à l’austérité permanente et à l’insécurité sociale. Il faut mettre en œuvre une politique qui parte des besoins sociaux, s’attaque aux inégalités. Une réforme fiscale d’ampleur permettrait une redistribution des richesses et une relance des investissements productifs au bénéfice de la grande masse de la population, s’inscrivant dans la transition écologique.

Il faut redonner du pouvoir d’achat, augmenter les salaires, créer des emplois. Il faut s’attaquer au  capital, à la finance, à la rente des actionnaires qui est supportée par les salarié-es, les chômeurs, les précaires, les retraités et la jeunesse.

Il existe dans le pays une majorité de femmes et d’hommes disponibles pour cette alternative sociale et politique, des forces syndicales, sociales, associatives, politiques que nous voulons rassembler.

Mettre un coup d’arrêt aux politiques en cours, imposer d’autres choix, cela ne peut se faire sans la mobilisation des salarié-es, sans l’intervention citoyenne.

Pour dire non au budget d’austérité du gouvernement VALLS et appeler à ce qu’il soit rejeté !

Pour dire non aux exigences du Medef !

Pour rassembler et construire une alternative à la politique actuelle !

Nous appelons à organiser des manifestations dans les grandes villes de France

Premiers signataires

Syndicalistes

Allègre Serge, Secrétaire fédéral, FNIC-CGT

Alpozzo Frédéric, CGT SNCM

Atlan Danielle, Secrétaire nationale du SNUAS – FP-FSU

Baille Nicolas, Secrétaire Général de la Fédération CGT Equipement / Environnement

Bidault Brigitte, Secrétaire Nationale du Syndicat National des agents de la Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes, SNACCRF-CGT

Bornais Claire, syndicaliste FSU

Brigitte Gabriel, secrétaire UL CGT Massy

Bubakhti Ahmed, Sud PSA Poissy

Burriello Lionel, CGT ArcelorMittal Florange

Camara Mamadou, Sud Transport

Canon Jean-Marc, Secrétaire Général de l’UGFF-CGT

Cardon Pierre, syndicaliste FSU

Cazorla Gérard, CGT Fralib

Cerisay Patricia, Secrétaire générale adjoint du syndicat CGT de l’administration centrale des ministères de l’écologie et du logement

Champetier Ollivier, Secrétaire Général de l’Union Départementale CGT de l’Essonne

Chaouat Gérard, chercheur, membre du BN SNCS FSU

Charifi Samy, responsable CGT Cheminot Paris-Est

Chastan Michel, syndicaliste FSU

Chelers François, syndicaliste FSU

Cochain François, syndicaliste FSU

Conan Cyril, responsable CGT SNCF Austerlitz

Corinne Vaulot, CGT Educ’Action 31

Couderc Christophe, Secrétaire de la Fédération CGT des Services publics

Cremonesi Bruno, syndicaliste FSU

Debons Claude, syndicaliste CGT

Degousée Laurent, SUD Commerce

Delecourt Christophe, membre du bureau de l’UGFF-CGT

Desanti, Lina Secrétaire Générale de l’Union Départementale CGT du Tarn et Garonne

Dona Manuela, Co-Secrétaire Générale du SNAD-CGT

Dukan François, syndicaliste FSU

Eugenio Bressan, ex-Secrétaire national du SNES

Faujour Michel, co-Secrétaire National SNPES PJJ-FSU

Fayet Catherine, Sud santé-sociaux

Fédération de l’équipement et de l’environnement CGT

Fédération des services publics CGT

Fédération Nationale des Industries Chimiques CGT

Fouillard Judith, syndicaliste FSU

Franco Hélène, magistrate syndicaliste

Fraquelli Tony, CGT, cheminot

Galin Michel, syndicaliste FSU

Benoît Garcia, syndicaliste CGT Finances

Godard, Pierre, syndicaliste Marseille

Gonlé-Lhuillier Roselyne, magistrate syndicaliste

Guidou Jean-Albert, syndicaliste CGT

Guinand Sylvie, Secrétaire de la Fédération CGT des Services publics

Hervouet Elisabeth, FSU

Heurtebize Herve, FSU

Igor Garncarzyk Secretaire général SNUPDEN-FSU

Inès Maria, co-Secrétaire Nationale SNPES PJJ-FSU

Janot Christophe, Secrétaire fédéral FNIC-CGT

Joly Pascal,  syndicaliste CGT

Jouan Annie, secrétaire générale de l’UFR Police CGT

Juraver Philippe, CGT RATP

Kauffer Michèle, Secrétaire de la Fédération CGT des Services Publics, Secrétaire générale de l’UFICT- CGT Services publics

Lafaurie Anne, Syndicaliste CGT

Leberquier Olivier, CGT Fralib

Lescant Thierry, syndicaliste

Lepetit Pascal, secrétaire Sud transports

Lépine Emmanuel, Secrétaire fédéral FNIC-CGT

Malaise Arnaud, FSU

Malfoy Patrick, syndicaliste FSU

Manciaux Catherine, Secrétaire générale adjointe SNUPDEN-FSU

Marsaleix Pierre, syndicaliste FSU

Marty Catherine, membre du bureau de l’UGFF-CGT

Maurin Françoise, FSU

Mezin, Didier Secrétaire Général de l’Union Départementale de l’UD CGT 09

Miduri Jean-Marc, CGT Commerce

Moreira Carlos, Secrétaire Général de la FNIC-CGT

Pagny Edouard, CGT Moulins Maurel

Painchan Reza, syndicaliste FO

Perillat Marie Cécile, syndicaliste FSU

Peyrade Marc,  Secrétaire général de la  Filpac CGT

Ponvert Veronique, syndicaliste FSU

Pouchard Vincent, Secrétaire Général du Syndicat National des agents de la Direction générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes (SNACCRF-CGT)

Puydebois Jean Louis, syndicaliste FSU

Quintin Cedric, Secrétaire Général de l’Union Départementale CGT du Val-de-Marne

Renault Valérie, Secrétaire Générale du Syndicat CGT de la Culture

Ropiteaux Cécile, syndicaliste FSU

Sanchez Daniel, Syndicaliste CGT

Sauterey François, syndicaliste FSU

Schaffauser Luc, syndicaliste (95)

Sergent Nicole, syndicaliste FSU

Silam Olivier, syndicaliste FSU

Silene Gaêtan, Secrétaire Général du Syndicat National des Personnels Techniques, des Réseaux et Infrastructures CGT (SNPTRI-CGT)

SNPES PJJ-FSU

SNUITAM-FSU

SNUPDEN-FSU

Sommé Pierre, FO ex-Conti

Soumalie Valerie, syndicaliste FSU

Sueur Eric, syndicaliste FSU

Syndicat National CGT de la Direction générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes (SNACCRF-CGT)

Syndicat National des Agents des Douanes CGT (SNAD-CGT)

Syndicat National des journalistes CGT (SNJ-CGT)

Taillandier Christian, Secrétaire national SNUITAM-FSU

Talbot Baptiste, Secrétaire Général de la Fédération CGT des Services publics

Têtevuide Ludovic, Syndicaliste CGT

Thomas Denis, syndicaliste FSU

Torres Michel, syndicaliste FSU

Tresallet Guy, syndicaliste FSU

Union Départementale CGT 09

Union Départementale CGT de l’Essonne

Union Générale des Fédération de Fonctionnaires CGT

Union Syndicale CGT Commerce et Services de Paris

Verzelleti Céline, membre du bureau de l’UGFF-CGT

Vidallet Gisèle, Syndicaliste CGT

Vire Emmanuel, Secrétaire général du Syndicat National des journalistes CGT (SNJ-CGT)

Wallet Nicolas, syndicaliste FSU

Zafari Sophie, syndicaliste FSU

Zappi Laurent, syndicaliste FSU

 

 

 

 

 

Politiques

 

Alamartine Françoise, EELV

Asensi François, député 93, Ensemble

Assassi Eliane, sénatrice 93

Attard  Isabelle, Députée, co-présidente de Nouvelle Donne

Autain Clémentine, Porte-parole d’Ensemble

Bagayoko Bally, GC 93, Ensemble

Bavay Francine, Conseillère régionale Ile de France EELV

Besancenot Olivier, NPA

Billard Martine secrétaire nationale à l’Internationale du Parti de Gauche

Boutault Jacques, membre du Bureau exécutif d’EELV, maire du 1er arrondissement de Paris

Buffet Marie George, députée 93, PCF

Castex Françoise, Nouvelle Donne

Chassaigne André, député 69, Président du groupe FDG à l’assemblée nationale, PCF

François Cocq, SN à la politique territoriale et à l’éducation du PG, adjoint au maire de Champigny (94)

Coquerel Eric, secrétaire national à la coordination politique du PG et Conseiller Régional Ile de France

Corbière Alexis, Secrétaire national à la lutte contre l’extrême-droite et à la laïcité du PG

Coronado Sergio, député EELV

Coulombel Alain, EELV

Delapierre François, Secrétaire national à la bataille idéologique du PG, Conseiller régional Ile de France

Delli Karima, députée européenne EELV

Demarcq Sandra, NPA

Dumont Christophe, EELV

Fraysse Jacqueline, députée 92, Ensemble

Garrido Raquel, secrétaire nationale au combat pour la constituante et la 6ème République du PG

Gleizes Jérôme, conseiller de Paris EELV

Helle Delphine, Gauche Unitaire

Jallamion Lucien, Porte-parole de République et Socialisme

Journiac Marianne, République et Socialisme

Jouve Camille, NPA

Krivine Alain, NPA

Lamy Véronique, PCOF

Laporte Pierre, CG 93, Ensemble

Laurent Pierre, sénateur, secrétaire national du PCF

Patrice Leclerc, maire de Gennevilliers, PCF

Le Hyaric Patrick, député européen, directeur de l’Humanité

Le Maulf Noëlle, EELV

Lemaire Gilles, EELV

Pascale Lenéouannic, Secrétaire  nationale du PG à l’aménagement territoriale et à la ruralité, Présidente du groupe FDG & Alternatifs au Conseil Régional IDF

Hoang-Ngoc Liêm, membre du BN du PS, Club des socialistes affligés

Levis Mathurin, membre du BN du MJS

Lowy Elise, membre du bureau exécutif EELV

Martin Myriam, Porte-Parole d’Ensemble

Mélenchon Jean-Luc, député européen

Noredine Idir, MJC

Pelletier Robert, NPA

Pellissier Jean-François, Porte-parole d’Ensemble, conseiller régionale Ile-de-France

Picquet Christian, Porte-parole de Gauche unitaire, Conseiller régional Midi-Pyrénées

Pierrel Christian, PCOF

Pojolat Alain, NPA

Poupin Christine, porte-parole du NPA

Poutou Philippe, NPA

Simon François, EELV

Simonnet Danielle, secrétaire nationale aux émancipations urbaines, conseillère de Paris PG

Taïbi Azzedine, maire de Stains

Toubhans, Marie-Pierre, Ensemble

Vachetta Roselyne, NPA

Vergiat Marie Christine, Députée européenne Front de Gauche

Vieu Marie-Pierre, PCF, présidente du groupe FDG Midi-Pyrénées

Viverge Patrick, Conseiller général du Jura, Nouvelle Donne

Zarka Pierre, Ensemble/Association des Communistes Unitaires

Zeghbib Yannis, membre du BN du MJS

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Associations

AC !

Adenot Dominique, Anecr

Amard Gabriel, La Gauche par l’exemple

Arc-en-ciel Théâtre

Azaria Ana, Femmes Egalité

Bache Marinette, Résistance sociale

Beauvois Delphine, féministe

CADTM, France

Cassen Bernard, secrétaire général de Mémoire des Luttes

Chailley Jean Claude, Résistance Sociale

Collectif 37 « Notre santé en Danger »

Constancias Hubert, ancien président du MNCP

Convergence des services publics

Crémieux Robert, MNCP

Franchet Pascal, vice-président du CADTM France

Guibert Geneviève, animatrice du collectif 37 « Notre santé en danger »

Habel Janette, Fondation Copernic

Hallinger Patrick, secrétaire de la Convergence nationale de défense et développement des services publics

Hernando Michel président de l’AdU FFG », Amis de l’Usine faire front à gauche

Jallamion Michel, président de la Convergence nationale de défense des Services publics

Khalfa Pierre, Fondation Copernic

Kleiche Abdessalam, membre du conseil scientifique d’Attac

Lallemand Jean-Charles, militant LGBT

Longérinas François, militant de l’Economie Sociale et Solidaires

Martin Jean-Pierre, psychiatre, USP

Marty Christiane, féministe

Milesy Jean-Philippe, Rencontres sociales

Muriel Naessens, Féminisme Enjeux

Nay Françoise, présidente des hôpitaux et maternités de proximité

Paris Jean-Jacques, Secrétaire Général de l’ANECR

Pelletier Willy, Fondation Copernic

Rollat Danielle, vice-présidente d’Ensemble et Solidaires UNRPA

Rome Daniel, Attac

Rousseau Michel, Marches européennes contre le chômage

Sortir du Colonialisme

Sitel Francis, Contretemps

Sultan Philippe, Fondation Copernic

Thébaud-Mony, Annie, sociologue, Fondation Pézerat

Weber Louis, Savoir/Agir

Willaume Jean-Baptiste, MNCP

Yon Jean-François, MNCP

Zediri Malika, APEIS

 

Personnalités

Achin Catherine, politiste

Ambroise Bruno, philosophe

Anderson Nils, ancien éditeur

Béroud Sophie, politiste

Bidet Jacques, philosophe

Boumediene Thiery Alima, avocate, association Femmes Plurielles

Calame Claude, anthropologue

Charpentier Isabelle, sociologue

Corcuff Philippe, sociologue

Cours-Salies Pierre, sociologue

De Montlibert Christian, sociologue

Debos Marielle, politiste

Delphy Christine, sociologue

Dubois Vincent, sociologue

Ethuin Nathalie, sociologue

Etievant Guillaume, économiste

Fourré Jean-Pierre, directeur des éditions Matignon

Gadrey Jean, économiste

Geay Bertrand, politiste

George Susan, écrivain

Guerre Yves, Arc-en-ciel Théâtre

Guibet-Lafaye Caroline, philosophe

Gun Ozgur, économiste

Harribey Jean-Marie, économiste

Henri Pena-Ruiz, philosophe

Husson Michel, économiste

Issehnane Sabina, économiste

Jeffers Esther, économiste

Jollet Anne, historienne

Kergoat Daniele, sociologue

Koebel Michel, sociologue

Lacoste Thomas, cinéaste

Lacroix Bernard, politiste

Lagrave Rose-Marie, sociologue

Laval Christian, sociologue

Le Bohec Jacques, sociologue

Le Strat Claire, sociologue

Lebaron Frédéric, sociologue

Leclercq Catherine, sociologue

Lordon Frédéric, économiste

Mamet Jean-Claude, journaliste

Mathieu Lilian, sociologue

Mathieu Xavier, ex-Continental

Mauger Gérard, sociologue

Michel Olivier, informaticien

Neyrat Frédéric, sociologue

Palheta Ugo, sociologue

Pena Ruiz Henri, philosophe

Pénissat Etienne, sociologue

Pernot Jean-Marie, politiste

Pinto Louis, sociologue

Pouly Marie-Pierre, sociologue

Prince Mickaël, ex-STEF

Pudal Bernard, politiste

Romano Joseph, sociologue

Schneckenburger Benoit, philosophe

Silberstein Patrick, éditeur aux éditions Syllepse

Tanguy Lucie, sociologue

Téaldi Jean-François, journaliste

Topalov Christian, sociologue

Tripier Maryse, sociologue

Voilliot Christophe, politiste

Yon Karel, sociologue