Auteur : mezzimamet

120 ans de la CGT : numéro spécial du Peuple

A l’occasion des 120 ans de la CGT, un numéro spécial du Peuple, organe de la confédération, est publié. Avec les contributions de chercheurs, historiens et militants. Nous reproduisons ici l’éditorial de Maryse Dumas, animatrice du collectif « 120 ans de syndicalisme CGT ».

Citons ce passage : « Avant le salariat, qui n’existait pas encore, c’est le travail qui a nourri la soif d’émancipation… ».

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Le 4 pages du Peuple et le bon de commande du numéro : 20151026_120ansLimogePeuple_4pages_BD

 

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Editorial Maryse Dumas :

Comment jeter les bases d’un syndicalisme CGT ouvert, puissant et enraciné dans le monde du travail du 21e siècle ? Comment faire du progrès social une perspective atteignable, objet de mobilisations sociales ? Comment rendre la CGT présente et attractive au plus grand nombre de celles et ceux qui galèrent entre chômage et emplois précaires, et donner à la CGT les moyens de
faire vivre en son sein les valeurs pour lesquelles elle se bat ? Ce sont quelques-unes des questions travaillées par le CCN réuni à Limoges les 14 et 15 octobre 2015, à l’appui de contributions riches et passionnantes d’universitaires.
En prenant garde à ne pas rabougrir ou instrumentaliser l’histoire, la CGT a tout lieu d’être fière de la sienne et d’y puiser des éléments de réflexion et d’expériences. Avant le salariat, qui n’existait pas encore, c’est le travail qui a nourri la soif d’émancipation des syndicalistes et donné son sigle à la CGT. Dans un moment de mise en cause du code du travail, un moment où les frontières du salariat deviennent plus floues, où un travail pseudo « indépendant » c’est-à-dire hors du droit du travail se met en place, la CGT se projette à nouveau sur l’avenir en proposant par exemple un nouveau statut pour le travail salarié.
Conquérir des droits pour toutes celles et ceux qui vivent de leur travail, leur donner les moyens, par l’action syndicale, de transformer dans un même mouvement la condition salariale et leur propre destin, imaginer un monde meilleur, de paix de fraternité et de solidarité, c’est ainsi que la CGT a permis les grandes conquêtes du 20e siècle. Ouvrir aujourd’hui la perspective d’un « autre monde » lui commande, fidèle à ses valeurs originelles, d’inventer du neuf et de le faire vivre avec opiniâtreté et persévérance.

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La COP21 et le syndicalisme : positions et débats

Les organisations syndicales CGT, CFDT, FSU, Solidaires, UNSA se mettent d’accord pour un appel commun à manifester sur l’enjeu de la COP 21 fin novembre. Nous publions aussi des prises de positions séparées CGT, CFDT, FO, Solidaires, qui peuvent susciter des débats (nucléaire, reconversions industrielles, emplois menacés et emplois nouveaux, nouvelles qualifications nécessaires…). Ce dossier est complété par des prises de positions de la Confédération syndicale internationale  (CSI). 

  • L’appel commun :  APPEL INTERSYNDICAL MARCHE MONDIALE DEFINITIF

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  • La CGT : cliquez 20151019_Cope21Industrie_4pages_V4siteon0-dc90f

Extraits (CGT) :

« Il faut privilégier les énergies peu ou pas émettrices de gaz à effet de serre, développer de véritables filières industrielles.
La CGT conteste la réduction à 50 % de la part nucléaire dans la production électrique, arbitraire et non motivée par la lutte contre les émissions. A l’opposé, il faut réellement organiser la transition énergétique en investissant pour l’avenir d’une filière nucléaire stratégique publique, encore plus sûre et économe et pour le développement d’une filière des énergies renouvelables.
Diminuer l’utilisation des ressources fossiles permet également de soulager notre balance commerciale, d’améliorer notre indépendance énergétique et de préserver les ressources naturelles.
L’énergie est un secteur stratégique. La commission européenne et la plupart des gouvernements veulent libéraliser l’ensemble du secteur de l’énergie et s’attaquer aux tarifs nationaux réglementés. A l’opposé, la CGT milite pour la construction d’un pôle public de l’énergie dans un cadre européen de coopération, assurant à la fois un haut niveau de garanties collectives pour les salariés, et une énergie accessible à tous et en toute sécurité. C’est un enjeu de maitrise publique, d’appropriation sociale et de démocratie.
MOBILISER TOUS LES LEVIERS DANS LE RÉSIDENTIEL —
TERTIAIRE !
Les émissions des bâtiments (logements de tous types, bureaux, services, commerces…) représentent 20 % des émissions nationales. L’objectif d’une réduction de 50 % de ces émissions d’ici 2030
et de 85 % à l’horizon 2050 est ambitieux. En raison de la durée de vie des bâtiments et de l’application pour le neuf des normes 2012 de performances énergétiques, le gisement de réduction se situe dans la rénovation énergétique du bâti existant.
Les besoins s’avèrent considérables pour financer la rénovation lourde et le changement des équipements de chauffage au bénéfice de systèmes performants et moins émetteurs de polluants. Or on est très loin de l’objectif de rénover chaque année 500 000 logements dès 2017.  »

 

Extraits (CFDT) :

« Le territoire aussi est un échelon privilégié en termes de mise en œuvre de mesures bas carbone. Le cabinet Syndex a croisé réalités territoriales et compétences professionnelles en 2014 dans le cadre de l’étude Ececli* (Évolution Compétences Emplois Climat Île-de-France). L’Union régionale interprofessionnelle et la Confédération y ont été étroitement associées. Cette étude a rassemblé de nombreux acteurs (conseil régional, employeurs, Opca, syndicats, Direccte, etc.) des secteurs de l’énergie, du transport, de l’eau, de l’automobile et du bâtiment. « Nous avons dressé un état des lieux des emplois qui risquent de pâtir du changement climatique dans la région et projeté des objectifs vers des emplois cibles durables à l’échéance de 2019 », explique Emmanuel Palliet, du cabinet Syndex. Une sorte de GPEC transversale sur plusieurs secteurs.

Des outils passerelles ont été mis au point à cette occasion. Ils évaluent rapidement si telle compétence est transférable directement ou si elle nécessite une formation courte ou approfondie du salarié. « Cette étude réalisée sur un territoire est adaptable à un bassin d’emplois, à une filière ou à une grande entreprise, estime Emmanuel Palliet. Il existe même des budgets dans le cadre des contrats d’études perspectives (CEP) que gèrent les Direccte. Encore faut-il un acteur pour les impulser. Cela peut être le rôle du syndicat. »

  • Force ouvrière    logo-fo-07

Extraits interview JC Mailly

FO Hebdo : Quelles sont les principales revendications que FO voudraient voir prises en compte par la COP 21 de décembre ?

Jean-Claude Mailly : Comme la Confédération syndicale internationale, FO considère que cette COP doit être « la COP du social ». Les dernières conférences n’ont traité que des questions climatiques et de leurs effets sur l’environnement et l’économie. Il est désormais indispensable d’appréhender les conséquences sociales et celles sur les salariés (dégradation des conditions de travail, délocalisations des lieux de travail par exemple du fait de la chaleur ou de la montée des eaux, adaptations horaires du fait de la chaleur et obligation de travailler la nuit, etc). Des exemples concrets, sur tous les continents, montrent qu’il est temps de s’occuper de ces impacts sociaux qui ne cessent de s’aggraver. Par ailleurs, ces évolutions imposées ou celles nécessaires pour ne pas amplifier le phénomène de réchauffement exigent des formations spécifiques, de nouvelles qualifications , car il va souvent devoir « faire autrement » et des mesures en termes d’organisation et de condition de travail pour les salariés concernés. Comme FO le revendique, il faut donc que la partie « décisionnelle » du texte de l’accord issu de la COP intègre une dimension sociale forte et ambitieuse. Avec des mesures financées.


FO Hebdo : Comment selon FO investissements publics et privés doivent-ils s’articuler ?

Jean-Claude Mailly : Pour FO, la priorité est l’intervention et l’investissement des Etats et des collectivités. Cette action publique doit être mondiale et massive, bien au-delà de la constitution (nécessaire) d’un Fonds vert ou des aides aux pays en voie de développement dont les populations sont plus impactées par le réchauffement climatique. FO a défendu que les solutions techniques ou innovantes qui pourraient voir le jour à l’échelle mondiale ou d’un continent ou d’un Etat fassent l’objet d’un investissement public type « grands projets ». Cela permettrait des réalisations concrètes tout en créant de l’emploi et sans doute de nouvelles qualifications. L’investissement public peut alors servir « d’effet levier » pour permettre aux investisseurs privés d’abonder le financement de ces grands chantiers publics. Mais pour FO, en aucun cas il ne peut s’agir de procédure type « Partenariat Public-Privé ». Enfin, c’est aux entreprises de financer une bonne partie des adaptations évoquées précédemment et les indispensables compensations et aides à accorder aux salariés pour faire face aux conséquences et évolutions professionnelles liées au réchauffement climatique.


 

 

 

  • Union syndicale Solidaires tractcoutecologique

Extraits (Solidaires) : logo_solidaires_grand

« Mettre en oeuvre une nouvelle organisation de la production et de la consommation basée sur un haut niveau de protection sociale et écologique, sont les défis que les organisations syndicales et toutes les forces sociales doivent relever. Dans une période transitoire, des secteurs d’activités peuvent connaître des bouleversements voire disparaître mais au bout du compte la reconversion écologique de l’économie est créatrice massive d’emplois non délocalisables (rénovation des bâtiments, réparation, recyclage, valorisation des déchets, agriculture de proximité…).
Les salarié-es doivent avoir à leur disposition des mesures protectrices pour une reconversion dans les meilleurs conditions ».

 

 

  • Confédération syndicale internationale

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Lutte contre le réchauffement climatique : le mouvement syndical international tient son propre sommet

dimanche 13 septembre 2015 Evelyne Salamero (lu dans FO Hebdo)

 

 A deux mois et demi de la 21e conférence des Nations Unies sur le climat (COP 21) qui se tiendra à Paris en décembre, la CSI (Confédération syndicale internationale) organise son propre sommet ces 14 et 15 septembre dans la capitale française, au siège du Conseil économique, social et environnemental. Objectif : que la COP 21 soit celle du « social ».
Sharan Burrow
Secrétaire générale de la CSI (Confédération syndicale internationale).

Lire interview de Sharan Burrow : « L’action climatique est une affaire syndicale car il n’y a pas d’emplois sur une planète morte »

Du Brésil, de Norvège, des Philippines ou encore d’Afrique du sud, des Etats-Unis, du Japon, ou du Canada… Des syndicalistes et des experts venus des quatre coins du monde vont exposer durant 48 heures leur réflexion, leurs travaux et leurs revendications dans le cadre de la lutte contre le réchauffement climatique.

Le sommet syndical est organisé en collaboration avec les fédérations de branche internationales affiliées à la CSI, la fondation pour l’action syndicale en faveur du développement durable Sustainlabour, la campagne « Un million d’emplois pour le climat » et les organisations syndicales françaises membres de la CSI , dont FO. Yves Veyrier, secrétaire confédéral FO, est d’ailleurs à l’origine, en tant que Président de la section des affaires européennes et internationales du CESE, de l’accueil par ce dernier de cette conférence syndicale. Elle est également soutenue par la fondation allemande Fiedrich-Ebert-Stiftung.

La transformation industrielle nécessaire pour lutter contre le réchauffement climatique ne doit pas être synonyme de perte d’emplois, mais exige au contraire des créations d’emplois « décents » et donc un effort important de formation débouchant sur de nouvelles qualifications, met notamment en avant le mouvement syndical international qui revendique une « transition juste ».

L’enjeu : montrer l’ampleur de la mobilisation syndicale

L’enjeu du sommet syndical est donc double : montrer l’ampleur de l’engagement du mouvement syndical pour la lutte contre le réchauffement climatique, mais aussi celle de sa mobilisation pour que les transformations industrielles et économiques nécessaires ne soient pas prétextes à remettre en cause les droits, emplois et conditions de travail des salariés.

En 2013, lors de la COP 19 à Varsovie, les syndicats avait quitté la table des négociations devant le manque d’ambition des négociations et la domination des entreprises sur les débats. Sharan Burrow, secrétaire générale de la CSI avait alors déclaré : « ces mêmes sociétés qui prônent la RSE (Responsabilité sociale des entreprises ndlr) exploitent les travailleurs et épuisent l’environnement tout le long de leurs chaînes d’approvisionnement’. En 2014, lors de la COP 20 à Lima, la CSI avait dénoncé la domination des technocrates sur les politiques.

Qu’en sera-t-il cette année ? « La COP 21 doit s’opposer à toute logique de décroissance, ce qui n’a pas été le cas les fois précédentes, en particulier à Lima en 2014 », insiste Pascal Pavageau, secrétaire confédéral FO en charge du secteur Economique.

 

Climat : les syndicats veulent que leurs revendications soient intégrées à l’accord entre les Etats

mardi 15 septembre 2015 Evelyne Salamero (FO Hebdo)

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Sommet syndical sur le climat au Conseil économique, social et environnemental (CESE) les 14 et 15 septembre.

Des créations d’emplois, des garanties pour les salariés des énergies fossiles, des formations, de nouvelles qualifications, de bonne conditions de travail, une protection des populations les plus vulnérables et les plus touchées, des investissements publics, des services publics en première ligne… Au terme de deux journées de travaux, le mouvement syndical international a présenté ses revendications au président de la COP 21, le ministre des affaires étrangères français, Laurent Fabius. De vive voix.

« Dans mon pays, le futur c’était hier ». Ces mots de Massiel Figuereo, syndicaliste de la République dominicaine à la tribune du Sommet syndical sur le climat organisé par la CSI (Confédération syndicale internationale) ces 14 et 15 septembre à Paris, résument l’une des principales préoccupations exprimées par les participants face au réchauffement climatique et ses conséquences : l’urgence.

Périodes de sécheresse de plus en plus longues et incendies pour certains pays, typhons de plus en plus violents et inondations de plus en plus sévères pour d’autres, montée des eaux, destructions d’usines, d’habitations, de récoltes, de troupeaux, déplacements de populations, développement du travail de nuit pour échapper à la chaleur… de nombreux syndicalistes ont expliqué être -déjà- confrontés à ces situations.

« Il faut construire des droits et des compensations aux nouvelles contraintes »

L’autre inquiétude majeure exprimée dans l’hémicycle du Cese (Conseil économique, social et environnemental) durant ces deux jours a été celle suscitée par l’absence de toute référence à une dimension sociale dans le projet d’accord en cours de négociation entre les gouvernements et dont la version définitive devrait voir le jour à l’issue de la conférence des Nations Unies sur le changement climatique (COP 21) en décembre prochain à Paris.

Quatre jours auparavant, les syndicalistes avaient en effet pu constater, lors de la présentation officielle de la COP 21 par le président de la république François Hollande, que les organisations syndicales et la question sociale ne font pas partie du programme à ce jour.

Le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, président de la COP 21, ayant répondu à l’invitation de la CSI, a pu entendre en direct la réaction des dirigeants syndicaux ce 15 septembre au matin.

« En tant que sélectionneur, vous avez délibérément placé les organisations syndicales sur le banc de touche. Pour Force Ouvrière cela nous fait craindre que la feuille de match que vous êtes en train d’élaborer n’intègre aucune dimension sociale (…) Lutter contre le réchauffement climatique nécessite une adaptation au travail et est potentiellement créateur d’emplois. Les revendications de la CSI doivent être impérativement intégrées aux décisions concrètes engageant les Etats au sortir de la COP », a notamment déclaré Pascal Pavageau, secrétaire confédéral FO. « Pour les salariés on va avoir des transferts forcés, il faut donc construire des droits et des compensations à ces nouvelles contraintes et pénibilités. Il faut par conséquent renforcer le dialogue social au niveau des branches professionnelles », a souligné le secrétaire confédéral FO.

« Prendre la mesure du potentiel d’emploi qu’offre l’action contre le réchauffement climatique »

Bernadette Ségol, secrétaire générale de la CES (Confédération européenne des syndicats) a de son côté insisté sur le risque pour les Etats de « perdre le soutien d’une partie du monde syndical », expliquant au Ministre : « Nous sommes des responsables syndicaux qui ne sommes pas corporatistes, nous avons une vision globale de ce qu’il est nécessaire de faire pour le bien commun mais les travailleurs ont peur parce qu’ils vont perdre leurs emplois ».

Revoir à la hausse l’ambition de l’accord entre les Etats pour limiter le réchauffement climatique à moins de 2° et prendre la mesure du potentiel d’emplois qu’offre l’action contre le réchauffement climatique ; tenir l’engagement des pays développés de mobiliser 100 milliards de dollars d’ici à 2020 pour aider les pays et les populations les plus pauvres à s’adapter au changement climatique ; et enfin : s’engager à assurer une « transition juste » pour les travailleurs actuellement employés dans des branches d’activité à forte émission de carbone… Il revenait à Sharan Burrow, secrétaire générale de la CSI de transmettre ces trois demandes fondamentales de la CSI au Président de la COP 21, et même de lui faire signer, en un geste symbolique destiné à bien faire comprendre au ministre à quel point les participants au sommet comptent sur son engagement.

Si le ministre a volontiers apposé sa signature, ses propos n’ont pas totalement rassuré l’assistance. « Le ministre a rappelé les interventions standards du gouvernement français, que nous connaissons, mais nous ne voyons pas se concrétiser une démarche sociale », a notamment déclaré Pascal Pavageau lors de la conférence de presse à l’issue du sommet.

« La COP donnera-t-elle le financement nécessaire pour les pays et les populations les plus pauvres ? »

« J’ai vu de très belles choses à Paris, j’apprécie beaucoup le discours très encourageant du ministre. Mais je suis très nerveux quand je regarde ce qui se passe dans mon pays, au Ghana, où le chômage ne cesse d’augmenter où les plus pauvres doivent vendre leurs biens et se retrouvent à la rue. C’est encore pire dans d’autres pays, au Mali, au Tchad, au Niger… Pouvons-nous, M. Le Ministre, avoir votre assurance que ce que vous avez dit sera mis en œuvre et que notre nervosité pourra disparaître à la fin de la COP 21. La COP donnera-t-elle le financement indispensable ? » a interrogé, de la salle, un syndicaliste africain après l’intervention du ministre.

Par de là l’aide aux pays développés, la question du financement de la lutte contre le réchauffement climatique est apparue comme une question clé au cours des débats. Les syndicalistes ont insisté sur le rôle des services publics et sur la nécessité que les investissements nécessaires à la transformation industrielle et à la « transition juste » soient prioritairement publics. Plusieurs, comme le représentant de la Confédération brésilienne (CUT), celui du syndicat NUMSA d’Afrique du Sud, ou encore Pascal Pavageau pour FO ou David Boys, représentant de l’Internationale des Services Publics, ont clairement pris position contre les Partenariats –Public-Privé (PPP), estimant qu’un enjeu aussi important pour l’humanité que la lutte contre le réchauffement climatique ne doit en aucune façon passer sous le contrôle d’entreprises privées avant tout soucieuses de leurs profits.

 

France : état des lieux des conflits sociaux

Nous publions une étude d’Etienne Pénissat et Baptiste Giraud, parue dans Terrain de luttes, sur la conflictualité en France, dont on parle beaucoup depuis le conflit à Air France.
Cliquez pour la totalité de l’article : http://terrainsdeluttes.ouvaton.org/?p=5353

Grèves et conflits du travail en France : un état des lieux

Les conflits sont-ils devenus plus rares et plus violents ?

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La sur-médiatisation du conflit social à Air France illustre ce qui semble être désormais un discours convenu : la grève serait un archaïsme du syndicalisme français, d’autant plus illégitime qu’elle renvoie l’image d’une action « violente » qui ne concernerait plus que les salariés « protégés » du secteur public ou des transports, abusant de leur pouvoir de blocage de l’économie. Comme l’avait fait en son temps Nicolas Sarkozy en déclarant qu’on « ne voyait plus les grèves en France », Manuel Valls a défendu l’idée que le conflit d’Air France faisait exception. Partout ailleurs, dans le secteur privé en particulier, « le dialogue social » fonctionnerait bien. La « preuve » : d’après les statistiques publiques, le niveau des grèves n’aurait jamais été aussi bas en France.

En conclure que les grèves ont disparu et que les relations entre patrons et salariés se sont apaisées dans les entreprises du secteur privé relève pourtant d’une interprétation hautement contestable de ces données statistiques. Où en sont les conflits du travail en France ? Comment ont-ils évolué dans leurs formes et leur intensité ces dernières décennies ? Réponse en 5 épisodes.

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Grèce : reprise des mouvements sociaux

Nous reproduisons ci-dessous une dépêche  de RFI à Athènes sur une grève des marins démarrée le 3 novembre, contre la dégradation des régimes de retraite. D’autres mouvements sont en cours ou se préparent  : le 2 novembre, mobilisation des lycéens qui exigent des crédits pour l’éducation et précisent « qu’ils ne font pas de cadeaux pour leur rêve »;  le 4 novembre, assemblées générales dans les services publics municipaux, de 8h à 13h (mairies, crèches, garages, maisons pour personnes âgées); et le 12 novembre, grève générale appelée par tous les syndicats contre les mesures résultant du mémorandum.

 

Grèce : 15 000 marins en grève, aucun navire ne lèvera l’ancre ce mardi 3 novembre

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RFI, 3 novembre 2015 :

 correspondante à Athènes,  Charlotte Stiévenard

En Grèce, quasiment aucun navire ne lèvera l’ancre ce mardi. Les 15 000 marins grecs ont entamé une grève lundi 2 novembre. Ils protestent contre le projet de réforme demandé par les créanciers du pays sur leur système de retraites et la libéralisation de leur profession, notamment avec la privatisation des ports du Pirée et de Thessalonique. Lundi, la fédération panhellénique des marins a rencontré le ministre de la Marine au Pirée, sans succès.

Dans le port du Pirée, les ferries sont sagement alignés le long des quais. Ils ne bougeront pas avant mercredi soir. Nikos Lemonis est un ancien marin. Agé de 71 ans, il est venu manifester contre les coupes dans sa retraite : « Nous ne voulons pas de ça, nous avons travaillé en mer, nous avons gagné notre argent et ces voleurs d’hommes politiques du Pasok ou de la Nouvelle démocratie et aujourd’hui Syriza, coupent dans nos retraites. » Ainsi, il a aujourd’hui peur que sa retraite passe en-dessous de la barre des 1 000 euros par mois, alors que sa femme en vit aussi.

Les marins se disent déterminés. Mais pour Antonis Dalakogiorgos, le président du syndicat national de la marine marchande, les marges de manœuvre semblent réduites : « Encore une fois, nous avons pu constater que le gouvernement est engagé, et donc malheureusement soumis à ses engagements pour le mémorandum, qu’il suit, applique et met en œuvre. »

Le congrès de la CES a discuté du salaire minimum

Nous avions publié avant le congrès de la CES (fin septembre à Paris) des éléments de débats portés par les organisations, par exemple sur le salaire minimum, ou sur la réduction du temps de travail. Martine Hassoun, journaliste à Options, mensuel de l’Union générale des ingénieurs, cadres et techniciens (UGICT) CGT, nous autorise à publier son article rendant compte des débats du congrès, notamment sur le salaire minimum, la RTT et les réfugiés.

Accès à l’article complet : Syndicalisme européen def

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Syndicalisme européen

A la recherche d’un second souffle

Au cœur des débats du 13ème congrès de la CES qui s’est tenu du 29 septembre au 2 octobre dernier à Paris : la stratégie à adopter pour lutter contre les politiques d’austérité en œuvre sur le continent. Actions de lobbying ou campagnes revendicatives transnationales : le choix est resté ouvert. Echo.

Le 13ème congrès de la Confédération européenne des syndicats n’a pas dérogé à la règle. Une fois encore, c’est par l’allocution d’un haut dirigeant de la Commission européenne que les délégués ont débuté leurs travaux : cette fois, un vibrant plaidoyer de Jean-Claude Junker, son président, pour le développement des droits sociaux, la lutte contre la précarité et le renforcement du dialogue social en Europe… Au Palais de la Mutualité où se tenait la rencontre, ce discours prononcé par un homme qui accompagne depuis plus de dix ans toutes les politiques qui contredisent sans cesse ces objectifs n’a pas surpris outre mesure. L’Europe se cherche. A avoir méprisé les conditions de vie et les droits des salariés dans l’Union, elle suscite chaque jour un peu plus le rejet. Avec cinq millions de jeunes à la recherche d’un emploi et, selon l’ONG Oxfam, 123 millions de ses habitants « exposés au risque de pauvreté » partout sur le continent, les partis xénophobes gagnent du terrain. Au point qu’au sein de la Commission, les plus lucides estiment urgent de donner des gages de leur bonne volonté à maintenir un semblant d’Europe sociale.
Le syndicalisme doit-il y répondre ? Doit-il venir à leur secours pour remettre en selle un projet maintes fois piétiné depuis des années ? La question déjà posée en 2011, lors du congrès d’Athènes, a été omniprésente lors du congrès de Paris. « Si depuis 2008, la CES est parfaitement lucide sur les désastres auxquels mène l’économie libérale, explique Jean-Marie Pernot, chercheur à l’IRES, spécialiste du mouvement syndical international, elle n’a pas clarifié sa position quant aux institutions européennes ». Quelle ligne de conduite veut-elle adopter à l’égard de la Commission ? Quel rôle doit-elle s’assigner ? « Longtemps considérée comme une simple interface entre les autorités bruxelloises et les confédérales nationales, l’organisation n’a désormais plus d’interlocuteurs », assure Frédéric Imbrecht, responsable confédéral CGT en charge des questions européennes. « Depuis plus de quinze ans, l’organisation syndicale européenne s’affronte à une Commission qui se fait l’expression d’un patronat qui, pour déréglementer et privatiser, n’a pas besoin du syndicalisme européen ».

Salaire minimum : l’amendement de la CGIL

Dés lors, le débat ouvert : faut-il répondre aux appels du pied de Jean-Claude Junker, tenter de récupérer une place d’interlocuteur privilégié auprès des institutions européennes, afficher sa volonté pleine et entière de dialoguer avec une Commission et un patronat qui s’y refusent en attendant que le temps changent ? Ou, au contraire, la CES doit-elle prendre acte de la réalité, changer de cap et se réinventer, construire de nouvelles façons d’agir en usant de l’étendue de son réseau -90 organisations adhérentes dans plus de 39 pays représentants plus de 60 millions de membres- pour imaginer de nouvelles solidarités avec cette frange grandissante du salariat qui vit aux marges des droits et ne se reconnaît plus dans le syndicalisme national, a fortiori le syndicalisme européen ?
Bien sûr, les oppositions classiques entre les syndicats nordiques et ceux du Sud se sont à nouveau exprimées. Entre ceux pour qui la CES ne doit pas sortir du rôle qu’elle s’est longtemps assigné, celui d’être d’abord une structure de lobbying , et ceux pour qui elle doit être un outil pour aider à mieux coordonner des campagnes transnationales pour les intérêts des salariés européens, ainsi que le défendra Gail Cartmail, dirigeante des TUC britannique, les divergences de fond se rappelleront au bon souvenir des délégués. Pourtant, le combat engagé par la CGIL qui, le 1er octobre, a déposé un amendement réclamant l’instauration d’un « mécanisme de fixation d’un salaire minimum européen » a montré que rien n’est figé. Il n’y a pas si longtemps l’organisation s’opposait à un tel principe. Avec le DGB allemand même, elle le combattait. Désormais, elle milite pour. Et, surprise, une majorité de voix se prononceront en ce sens. « Un événement historique », dira Anne Dufresne, sociologue belge, spécialiste du mouvement syndical européen et présente ce jour là au palais de Mutualité.

La responsabilité des confédérations nationales

Les défis que la CES a à relever s’accumulent. De la manière dont elle veut s’attaquer à la déstructuration des conventions collectives, à la montée du travail indépendant ou aux attaques contre le droit de grève, elle n’a pas encore fixé de stratégies revendicatives. « Le temps presse », rappelle Joël Decaillon, ancien secrétaire général adjoint de l’organisation, aujourd’hui, vice-président de l’association Lasaire. « Aujourd’hui, en Grèce, l’assentiment de quatre salariés suffit, à établir un accord d’entreprise. En Grande-Bretagne et en Espagne, le droit de grève est sérieusement attaqué. Au Portugal, les deux-tiers des travailleurs ne sont plus couverts par la sécurité sociale, l’assurance chômage ou l’assurance retraite… Au risque de perdre sa crédibilité, le syndicalisme doit relever les défis qui lui sont lancés ». En Norvège, les « contrats permanent sans garantie salariale » ont fait leur apparition, témoignera un syndicalisme du bâtiment. Quelle stratégie pour demain ? « Quelles forces les confédérations nationales mettront-elles au service de ce combat pour avancer », demande plutôt Jean-Marie Pernot. « La CES n’est qu’une confédération de confédérations », rappelle-t-il. « Elle n’a de force que celle que les organisations de chaque pays veulent bien lui apporter ».
Au terme de quatre jours de débats, le 13ème congrès de la CES n’a rien tranché quant à l’avenir qu’elle veut se donner. Tout juste a-t-elle convenu qu’elle avait besoin d’un second souffle. Ses délégués se sont accordés à l’unanimité sur l’élection d’un nouveau secrétaire général : l’italien Luca Visentini, ancien dirigeant de l’UIL italienne. Ils lui ont fixé comme mandat de faire de la bataille pour l’investissement en Europe la première priorité de la Confédération européenne des syndicats (CES). Ils ont aussi voté un Manifeste réclamant « de meilleurs salaires », « des politiques pour des emplois verts » et « la fin de la spéculation financière » et se sont prononcés pour « l’implication de la CES dans l’élaboration des stratégies européennes en matière d’emploi, de politique économique et de politique sociale ».

Région, entreprises, ONG : de nouvelles coopérations possibles

Au-delà ? Pour Frédéric Imbrecht qui, avec la délégation CGT, a défendu lors de ce congrès un amendement pour « une réduction collective du temps de travail sans perte de salaire et avec embauche compensatoire », amendement déposé avec la CFTC française, la FGTB et la CSC belges, la CGT a à présent une priorité : faire vivre un syndicalisme européen proche des préoccupations et des revendications des salariés. « Elle doit pour cela s’y investir et donner vie à ces coopérations et ces solidarités qu’elle voudrait voir se construire dans l’Union ». Concrètement, explique-t-il, il ne s’agit pas seulement de mettre sur pied « une politique de cadres » pour alimenter les structures de la CES, il s’agit aussi de soutenir les coopérations transnationales qui s’organisent dans les fédérations, les régions ou les entreprises. Dans le Vaucluse, Emmanuel Wietzel, membre du collectif « international » de l’UGICT CGT, travaille avec le DGB de la région de Francfort autour de la lutte contre l’extrême-droite. Des coopérations nouvelles comme il pourrait s’en développer à l’avenir ? Des coopérations syndicales nationales et européennes avec les ONG et la société civile pour s’ouvrir, espère Joël Decaillon, à des champs revendicatifs nouveaux comme la lutte contre le réchauffement climatique ou les migrants… Demain, le syndicalisme européen ?
Martine Hassoun

 

SOLIDARITE REFUGIES : Une motion d’urgence
Adresse à la Commission et appel à la mobilisation syndicale : écho d’un échange avant le vote d’une motion sur la crise des réfugiés.

Comme le symbole de la concurrence de tous entre tous, la crise des réfugiés s’est tout naturellement imposée dans les débats du congrès. Et sans doute est-ce Oumar Diakhaby, jeune ingénieur électronicien, réfugié politique guinéen resté dix ans clandestin en Belgique, qui en a le mieux résumé les enjeux. Alors que les délégués s’apprêtaient à se prononcer sur une motion d’urgence consacrée au sujet (1), le militant syndical, aujourd’hui responsable du comité des sans-papiers de la CSC, a rappelé le 30 au matin cette évidence : sans politique ambitieuse des Etats, les réfugiés d’aujourd’hui risquent bien, demain, d’être les sans-papiers de demain. « Aussi grande soit la responsabilité des Etats à les intégrer, nous devons nous aussi endosser les nôtres, a-t-il lancé. Soit nous fermons les yeux, et admettons que, pour survivre, ils acceptent tout : des conditions de travail et d’emploi en dehors du droit ; l’exploitation et la discrimination. Soit nous militons pour changer leur situation et évitons qu’ils soient utilisés comme outils de dégradation continue des garanties collectives ».

D’autres militants s’exprimeront en ce sens. Ainsi, Reiner Hoffmann, président du DGB allemand, pour appeler le mouvement syndical européen à n’accepter « aucune dérogation d’exception à la revendication « à travail égal, salaire égal », condition sine qua non, dira-t-il, pour éviter « la confrontation entre les réfugiés et les demandeurs d’emploi ou les travailleurs pauvres ». Une déléguée suédoise témoigne d’un accord signé entre la Fédération européenne des syndicats de l’Alimentation et le patronat de son pays pour la création de 500 emplois pour les migrants en cours d’arrivée. De cinq cents emplois de qualité, respectueux du droit et des garanties collectives. Dans la motion votée au terme de cette session, le congrès reprendra autrement les préoccupations exprimées : en appelant la Commission européenne à faire respecter le droit de tout être humain à la protection. En soulignant la nécessité de services publics de qualité pour assurer un accueil décent.

M.H.
(1) voir sur https://www.etuc.org/fr/documents/motion

 

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Position du courant syndical META sur la situation en Grece

Le courant syndical META est celui qui en Grèce se reconnaissait dans l’expérience Syriza. En Grèce, le syndicalisme, et notamment les directions des deux confédérations, est fortement lié aux courants et forces politiques qui structurent le débat public. Nous publions ci-dessous l’analyse très critique du courant syndical META depuis le compromis passé en juillet entre Alexis Tsipras et l’Union européenne.

META signifie :Front de Classe des Ouvriers et salariés pour le Renversement et se définit comme une organisation syndicale nationale et interprofessionnelle.

 

Grèce : Communiqué de META : Les tâches du mouvement syndical après le 3éme mémorandum

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Après le vote du 3e mémorandum, en août 2015, et l’adoption des lois pré requises entre temps, les conditions de la lutte contre l’austérité et pour la libération du pays des chaînes  de la soumission et de la tutelle ont radicalement changé.

Le sentiment d’espoir qui animait le peuple, le 25 janvier, espoir que les memoranda peuvent être annulés, les politiques de ces memoranda renversées, ce sentiment s’est mué, au soir du 20 septembre, en une sorte de fatalisme teinté de mélancolie. On a vu resurgir les dilemmes du passé, le sentiment que l’adversaire est tout-puissant, que rien ne peut véritablement changer dominait encore ; cela jouera de façon négative, durant la période à venir, sur le développement des luttes et des mobilisations ouvrières.

Le META, dès le 14 juillet 2015, appelait « tous les ouvriers, les syndicats et le peuple grec à ne pas donner leur accord au nouveau pillage des droits, et à lutter pour le renversement de l’austérité et des politiques néolibérales anti-ouvrières… » et à « poursuivre leur lutte jusqu’à la pleine réalisation de leurs espoirs et de leurs visions.

Après les élections du 20 septembre, le nouveau mémorandum et les exigences des créanciers rendent plus difficiles encore la lutte contre les nouvelles mesures barbares, les privatisations et le bradage des biens publics et de la richesse de notre pays aux créanciers, mesures qui mèneront à l’aggravation de la paupérisation de l’écrasante majorité de la société, mais aussi à la marginalisation du pays sur la scène internationale.

Le nouveau train de mesures qui découlant des engagements mémorandaires et les pré requis des évaluations périodiques  visant à s’assurer de l’application fidèle des engagements contraints doivent rencontrer la résistance des branches et des groupes sociaux les plus touchés.

Á travers le projet de loi relatif aux pré requis est lancée une nouvelle attaque fiscale contre les revenus de la large majorité populaire, avec le maintien et même l’extension de l’ENFIA (impôt foncier unifié), y compris pour les revenus nuls, la suppression des facilités de paiement instituées lors du dernier semestre pour les assurés sociaux, le relèvement de l’âge minimal de départ à la retraite, l’augmentation des cotisations salariales, la baisse des retraites, et, si les dernières informations sont avérées, on discute même de la sortie  de certaines branches d’activité de la catégorie des Professions Pénibles et Insalubres et du relèvement, pour ces mêmes professions, de l’âge de départ à la retraite comme des termes de celui-ci.

Des régulations sont également promues pour faciliter les privatisations dans le secteur des Chemins de Fer (TRAINOSE) et des transports publics athéniens (OASA).

Conséquences des nouvelles mesures pour les travailleurs

  1. Fiscalité: l’augmentation du taux de TVA sur les produits de première nécessité, de consommation populaire, le maintien de l’impôt foncier unifié (ENFIA) et l’imposition des agriculteurs, des indépendants et des PME constituent en fait une aggravation de l’austérité, alors même qu’une charge supplémentaire sera placée sur une part importante des revenus des travailleurs et des classes populaires, intensifiant les phénomènes de récession dans l’économie, et menant à la misère et à la marginalisation de larges pans de la société.
  2. Chômage : tous ces éléments, combinés à l’absence d’un programme courageux d’investissements publics de production et d’injection de liquidités dans l’économie, vont aggraver les phénomènes de récession, menant à la fermeture encore davantage de PME, et à l’augmentation du chômage. Les créations d’emplois annoncées correspondent en fait à des postes de travail précaires, principalement des CDD de 5 mois et des « vouchers » qui ne font que recycler le chômage et ne contribuent pas véritablement à la reconstruction productive.3
  3. Couverture sociale – retraites : les travailleurs et les retraités n’ont pas encore réalisé l’ampleur des bouleversements intervenus cet été dans le champ de l’assurance maladie. Baisse dramatique du niveau des retraites, augmentation des cotisations, relèvement de l’âge minimal de départ à la retraite, application de la clause de déficit nul, gel du financement public des caisses d’assurance maladie, annulation des lois adoptées durant les 7 premiers mois de 2015 (loi Stratoulis), introduction d’un lien entre cotisation et prestations, suppression progressive de l’EKAS (Revenu de Solidarité Sociale des Retraités), suppression de toutes les taxes en faveur de tiers lies au financement des caisses d’assurance maladie à compter du 31 octobre. Ces mesures, combinées aux coupes claires dans les dépenses pour la santé et la prévoyance, conduisent non seulement les retraités au désespoir, mais placent aussi l’ensemble des assurés sociaux dans une situation très difficile.

Cette politique des retraites et d’assurance maladie ne pourra faire face aux problèmes essentiels du système, puisque sa philosophie se base sur la même recette néolibérale, à savoir les coupes claires dans les prestations et la remise en cause de son caractère public, social et redistributif, au lieu de prendre en compte la nécessité de trouver de nouvelles ressources et de lutter contre le chômage, le travail au noir et non déclaré et la fraude aux cotisations. La seule certitude, c’est que cette politique mènera à l’introduction de l’assurance privée , à l’heure où des milliers de retraités s’apprêtent à voir leurs pensions dramatiquement amputées, alors que les travailleurs devront travailler jusqu’à 67 ans, voire davantage, et où la majorité des indépendants se verra toujours privée de couverture, puisqu’ils se verront dans l’incapacité de verser leurs cotisations.

  1. Privatisations : ce sujet constitue un facteur crucial pour l’avenir de notre pays, et ce n’est pas un hasard s’il jouit du consensus politique le plus large parmi les forces qui ont conclu le 3e mémorandum.

En une nuit, cet été, il a été décidé la vente de 14 aéroports du pays, la cession des ports du Pirée et de Salonique est en tête de liste des privatisations, avec l’ODIE, l’Helléniko, l’Astéras de Vouliagméni, la DEI, etc

Ce qui a été convenu par le gouvernement, dans le texte de l’accord, mais aussi dans le 3e mémorandum, avec la volonté marquée de faire avancer à grand pas la procédure de privatisations, conduit à la liquidation des biens publics et communs du peuple et du pays.

Ces privatisations, même sous la forme de contrats de location de longue durée et de ΣΔΠ, auront par ailleurs pour résultat l’augmentation des prix de biens publics de base tels que l’énergie, l’eau et les transports, et l’exclusion d’une partie importante de la société de l’accès à ces biens.2

2- Travail

Les mesures votées et les exigences des créanciers qui sont désormais en négociation, doivent faire l’objet de luttes et de revendications immédiates des syndicats, soit pour empêcher leur application, soit pour obtenir leur annulation de fait, soit pour les reverser grâce aux luttes à la résistance des travailleurs.

Les principaux points, déjà adoptés ou encore en négociation, sont les suivants :

  • réexamen sévère et réforme des négociations collectives, sur la base des meilleures pratiques néolibérales de l’Union Européenne, ce qui signifie qu’on ne réintroduit pas le système des conventions collectives, de l’arbitrage, etc. qui étaient en vigueur en Grèce depuis 1990 ;
  • par ailleurs, abandon de la réintroduction du salaire minimum aux niveaux pré-mémorandaires, c’est-à-dire 751 euros, puisqu’on ne parle plus désormais que d’ « augmentation progressive du salaire minimum »…
  • adoption de réformes sur le marché du travail avec un planning pour l’application des boîtes à outils 1 et 2 de l’OCDE, ce qui signifie, en pratique, l’ouverture des magasins le dimanche, la dérégulation des professions protégées, l’autorisation des licenciements collectifs, la fermeture de PMI et l’augmentation du chômage ;
  • la modification de la réglementation syndicale actuelle, avec pour principal objectif la limitation du droit de grève, etc. ;
  • changements dans le secteur public, avec « pour objectif la dépolitisation » (p. 1032 du J.O. de la République Hellénique, 94/14-8-2015) et une nouvelle grille des salaires et de l’évolution des grades, évaluation des structures et des travailleurs, mobilité obligatoire, etc…
    3- Emprunts « rouges », banque et habitat populaire : Une fois encore, les banques sont renflouées avec des fonds publics, elles passent aux mains du privé et l’État grec n’aura plus aucune possibilité d’intervention. Ceci, en combinaison avec la modification du Code de Procédure Civile, ouvre la voie et accélère même les procédures de saisie de la résidence principale, des comptes d’épargne, des salaires et des retraites.

    L’action des syndicats dans les temps à venir – hiérarchisation des revendications

Après le vote de confiance à ses déclarations programmatiques, le gouvernement  procède, selon des modalités fast track, à la mise en œuvre des engagements mémorandaires et à l’imposition des mesures anti-populaires et anti-ouvrières. Il est compréhensible que ces mesures soient confrontées à la réaction de tout le monde du travail, des retraités, des agriculteurs, des indépendants et de la jeunesse.

Naturellement, nous rencontrerons des difficultés en raison du climat défaitiste et attentiste qui domine parmi la majorité des travailleurs, c’est pourquoi les syndicats, dans la programmation de leurs actions, doivent prendre ces difficultés en compte.

Les directions des organisations syndicales de PASKE et de DAKE [Syndicats proche du pasok et de la droite (ND) ], principalement au niveau de la GSEE, veulent une confirmation de la tactique qu’elles ont adoptée ces dernières années, une tactique en somme de justification des mesures mémorandaires, et veulent utiliser les reculades du gouvernement actuel et la signature du 3e mémorandum pour justifier leur choix !

Ces directions sont passées sur le front des nos adversaires de classes – on l’a bien vu plus clairement avec leur prise de position en faveur du OUI lors du référendum, aux côtés du SEB et de l’élite économique et politique locale et européenne et qui, c’est clair aujourd’hui, se réservent une relation privilégiée avec les choix du gouvernement, puisque ce sont elles qui détiennent le know-how du syndicalisme gouvernemental et de la cogestion.

Le PAME [Syndicat proche au PC grec ] poursuit la même tactique de division, contre l’union, alimentant ainsi l’inefficacité des luttes et le fatalisme. Il ne fonctionne pas selon les termes et les besoins de la masse, pour l’élargissement du front de luttes et de revendications, mais selon les besoins et les priorités définis par le parti, renvoyant la résolution des problèmes spécifiques et le renversement des politiques de memoranda aux lendemains socialistes, qui s’éloignent de plus en plus du fait de la politique qu’il suit.

Avec les forces des rassemblements, nous devons examiner les possibilités d’action commune au sein des syndicats ou d’initiatives de coordination des organes syndicaux de base et des fédérations tout en combattant les points de vue, bien représentés dans leurs rangs et s’apparentant souvent à ceux du PAME, en particulier pour le choix des formes de lutte qui bien souvent ne prennent pas en compte les vrais besoins et les capacités du mouvement.

Il nous faudra, dans la période à venir, non seulement faire une évaluation des différences de points de vue –en raison de l’intensification des problèmes-, mais aussi étudier la possibilité d’émergence de mobilisations centrales, promouvoir la coordination à partir de la base, à travers des comités de coordination, au niveau des organisations de base et des fédérations, en tirant profit de l’expérience positive du passé et en se gardant de reproduire ou de transposer le fonctionnement bureaucratique et partisan qui sévit à la tête du mouvement syndical comme à sa base.

La coordination à partir de la base doit se faire selon des termes de mouvement, de participation collective et démocratique des membres des organisations de base, une culture de la participation active et de l’action des travailleurs eux-mêmes, ce qui nous différenciera de la pratique prévalente de délégation et de subordination au parti.

Il nous faut aussi veiller à éviter que des luttes spécifiques de branches ne mènent à une impasse et à la déception : notre expérience récente montre que la mobilisation d’une branche ou d’une classe sociale pour le renversement des memoranda ne suffit pas, mais qu’il est nécessaire d’avoir des luttes pan ouvrières et pan populaires.

Cela ne signifie pas que nous ne devons pas être à la pointe de luttes spécifiques, les renforcer et les soutenir. Au contraire, nous devons prendre toutes les mesures pour l’information et la coordination des travailleurs, la mise en lumière des conséquences des politiques des memoranda, y compris sur d’autres couches sociales, avec pour objectif constant l’élargissement du front des revendications.

Par conséquent, il faut que les formes de lutte choisies en chaque circonstance correspondent à la réalité et aux dispositions des travailleurs ; pour cette raison, nous devons travailler à intensifier l’information et le contact avec les travailleurs et à mettre en évidence  l’acuité des problèmes et la nécessité de sortir de l’étau des politiques de memoranda.

Dans la période à venir, les questions centrales autour desquelles devront s’organiser les mobilisations sont les suivantes :

  • la couverture sociale et les retraites

  • la sur fiscalisation des couches faibles de la société

  • la lutte contre le chômage

  • les privatisations

  • le droit du travail et

  • les questions relatives à la protection du logement populaire.

Dans ce cadre, nous devons prendre des initiatives pour informer et mobiliser les travailleurs et les retraités. Notre syndicat doit organiser des discussions et des débats sur les bouleversements causés dans le système de couverture sociale afin qu’émergent des mobilisations sur ce thème.

En ce qui concerne la privatisation des ports du Pirée et de Salonique, des 14 aéroports de province, des chemins de fer, des transports publics d’Athènes comme de la DEI, inscrite parmi les priorités immédiates, il nous faudra œuvrer pour le développement de la coordination des actions au niveau syndical, en élargissant le front à d’autres acteurs : Centrales Ouvrières et Sections Régionales de l’ADEDY (syndicat du secteur public) des zones où il existe des ports, de celles par où passent les trains, etc.

Parallèlement, la question des privatisations a d’autres dimensions qui touchent à la cession au privé de compétences ou de services entiers de la fonction publique, renforcée par le fait qu’il n’y a pas d’embauche de personnels titulaires, en particulier dans les secteurs de la santé, de l’enseignement, de la Prévoyance, des collectivités locales, etc . qui sont délibérément dénigrées par le pouvoir central pour faciliter l’introduction d’acteurs privés.

La défense des biens fondamentaux que sont la santé, l’enseignement et la couverture sociale doit revêtir un caractère beaucoup plus large, car la question ne concerne pas seulement les travailleurs de ces secteurs, mais avant tout les usagers de ces services et la société grecque tout entière.

Pour la défense des relations de travail, il faut mettre en avant partout la couverture des besoins permanents par des personnels titulaires et des relations de travail stables, avec la suppression des sous-traitances et de la location de travailleurs, la défense de la semaine de 5 jours, la défense du repos dominical et la diminution des heures de travail, sans diminution des salaires, pour créer davantage d’emplois.

Après 5 ans de diminution des salaires dans les secteurs public et privé, il faut, cette année, poser la revendication de l’augmentation des rémunérations et de la réintroduction immédiate du salaire minimum à 751 euros, de la réintroduction de l’institution des négociations collectives, de l’arbitrage et de la signature de convention collectives et de leur extensibilité obligatoire, du dégel de la grille des salaires dans le secteur public, etc.

Enfin, les forces du META, dans le privé comme dans le public, doivent accorder leur attention à l’ensemble de la classe ouvrière, particulièrement aux chômeurs et aux travailleurs précaires et saisonniers, qui se trouvent hors du mouvement syndical organisé, grâce à la formation de comités pour la défense de leurs droits et à leur intégration au sein d’organes ou à la création de nouveaux organes, là où il n’en existe pas déjà.

Notre action auprès des travailleurs « hors les murs » est absolument indispensable, puisque 1,5 millions de chômeurs et des milliers de travailleurs du secteur public avec des relations de travail précaires ne sont actuellement pas représentés par les syndicats.

Il faut faire de même auprès des retraités, en tirant profit de l’extension de la Loi 1264/1982 à leurs organes représentatifs, avec pour objectif la création d’organisations syndicales uniques indépendamment de la caisse d’assurance de chacun, puisque la crise a mené tous les assurés quasiment au même point, quelles que soient leurs caisses respectives.

Les forces du META doivent poursuivre leur action d’avant-garde, à l’intérieur des syndicats, pour la défense des intérêts des travailleurs, pour la lutte contre le syndicalisme patronal, gouvernemental et partisan, et pour le renforcement du caractère de classe de l’action syndicale.

Cela signifie qu’il nous faut confirmer chaque jour ce que nous avons conquis au cours des années précédentes, à savoir notre autonomie politique et organisationnelle, la priorité aux besoins de classe de la classe ouvrière et de tout le monde du travail, notre fonctionnement basé sur la défense des conquêtes, la lutte pour le renversement des politiques de memoranda qui écrasent nos vies, et notre fermeté face aux partis et aux gouvernements, sur la base non pas de ce qu’ils disent ou prônent, mais de leurs actes, et si cela sert les intérêts de notre classe.

Nous devons donc, dans les temps à venir, organiser la résistance des travailleurs et bâtir de larges alliances sociales pour le renversement des politiques néolibérales dans notre pays comme en Europe, pour l’annulation des memoranda et l’établissement de liens entre la lutte syndicale avec le combat pour l’annulation de la dette, pour la propriété publique et le contrôle social des banques, pour l’imposition sur la richesse et la reconstruction productive du pays, au profit du peuple et de la terre.

Traduction du grec : Marie -Laure Veilhan

 

Source: Association Grèce-France Résistance, Solidarité avec les luttes du peuple grec:  https://grecefranceresistance.wordpress.com/2015/10/25/grece-communique-du-secretariat-du-meta-les-taches-du-mouvement-syndical-apres-le-3eme-memorandum/?blogsub=pending#subscribe-blog

 

Publication européenne sur le syndicalisme en France

La 13ème congrès de la Confédération européenne des syndicats (CES) tenu récemment à Paris a été l’occasion d’une écriture commune de l’histoire du syndicalisme en France. Initiative bienvenue : à défaut d’unité régulière, on a pu écrire une présentation commune du paysage syndicale, sous l’égide de l’Institut de recherches économiques et sociales (IRES).  Des documents utiles y figurent aussi. Il est cependant « paradoxal » que la FSU et Solidaires, ni la CGC, ne figurent pas dans le groupe de rédacteurs (voir ci-dessous).

 

 

Obtenir le document PDF complet : 2015_CES_ETUC_Congres_Syndicats_Francais__Brochure

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À l’occasion de l’organisation à Paris du 13e congrès de la CES, les organisations syndicales françaises qui y sont affiliées ont décidé d’écrire ensemble une présentation commune de l’histoire des syndicats en France.
Cette brochure est le résultat d’un travail patient, souvent empreint de passion, réunissant un groupe d’élaboration commun aux organisations CGT – CFDT – FO – CFTC – Unsa.
Réussir une écriture partagée de l’histoire des syndicats en France n’était pas gagné d’avance car cela nécessitait de se dégager d’une vision singulière que peut porter chaque organisation. Il fallait donc associer à ce travail des compétences extérieures aux organisations syndicales.
Tel a été le rôle précieux de l’Institut de recherches économiques et sociales (Ires).
La présence aux côtés du groupe syndical de collègues de l’Ires tout au long du processus d’écriture a été un élément déterminant pour la réussite de ce projet. Qu’ils en soient donc remerciés aux noms des organisations françaises affiliées à la CES.
Syndicalistes sollicités :  Frédéric Imbrecht (CGT) – Philippe Antoine (CFDT) – Sébastien Dupuch (FO) – Joseph Thouvenel (CFTC) – Michel Guerlavais (Unsa) auxquels se
sont joints d’autres collègues (Elyane Bressol – David Chaurand) que nous remercions chaleureusement.
Et pour l’Ires Jean-Marie Pernot – Frédéric Lerais – Udo Rehfeldt.

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L’Institut de recherches économiques et sociales (Ires) a été créé en 1982 par l’ensemble des organisations syndicales représentatives françaises avec le concours du gouvernement pour répondre aux besoins exprimés par les organisations syndicales représentatives dans le domaine de la recherche économique et sociale notamment sur les relations professionnelles, l’emploi, le travail, les revenus et la protection sociale.
L’Ires contribue à éclairer le débat social par des analyses et approches comparatives rigoureuses. Ces publications, la Revue de l’Ires et la Chronique internationale, accueillent des travaux de recherche d’horizons et de disciplines variés et sont diffusées sous format papier et électronique disponibles sur le site http://www.ires.fr.

 

 

 

 

Séminaire appropriation sociale le samedi 14 novembre

Ci-dessous une nouvelle initiative qui peut intéresser des syndicalistes au-delà de l’Union syndicale Solidaires, sur l’appropriation sociale.

 Séminaire co-organisé par l’OMOS, Association Autogestion, Espaces Marx,Union Syndicale SOLIDAIRES.

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Qu’entendre par appropriation sociale ?

La période politique est marquée par un patronat qui est dans une offensive ouverte contre les acquis du salariat. Face à cela, le mouvement social et, à ce jour incapable d’amorcer une quelconque contre-offensive et reste sur le terrain de la défensive. Nous pensons qu’une des raisons de cette situation est l’absence de perspective d’un au-delà au capitalisme.
De nombreuses luttes sociales contemporaines portent « en creux » l’idée de propriété comme condition nécessaire de l’existence pour des entités économiques, souvent productives et industrielles, sacrifiées sur l’hôtel du profit. Ainsi, « les Goodyear », les Arcelor-Mittal », « les Fralib », « Les Pilpa » ou Hélio Corbeil, pour ne citer que les plus médiatisés, ont contesté, chacun à leur façon, le droit de propriété au nom du droit à l’activité. Certains réclamant la nationalisation, d’autres cherchant le moyen de s’engager dans la voie coopérative…
Des travaux du séminaire mené en commun sur l’appropriation sociale nous tirons notamment l’enseignement que les formes expérimentées, propriétés étatiques mais aussi mises en coopératives ont démontré leurs limites. L’étatisation ne débouche ni sur une appropriation réellement collective ni sur l’émancipation. Quant à la mise en coopérative, elle limite la plupart du temps son ambition à un « périmètre local » sans afficher une volonté de contribuer à la transformation globale de la société.
N’est-il pas temps de trouver les termes pour reposer, en l’affranchissant des écueils mis en évidence par l’histoire, la question de l’appropriation collective comme condition de l’émancipation humaine et de travailler à réunir les conditions à remplir pour en faire un thème idéologique récurent au sein de l’ensemble de la société ?
Nous vous proposons une séance de travail le samedi 14 Novembre qui sera un point d’étape dans le cadre d’un séminaire qui existe depuis 2013. Deux points à l’odre du jour :
1. Qu’est-ce que l’appropriation sociale et l’importance de cette question dans la vie sociale et politique ?
2. Quel est l’état de nos débats et quels sont les obstacles à l’appropriation sociale ?

Séminaire précédemment co-organisé par : ANECR, Association Autogestion, Cidefe, Espaces Marx, Fondation Copernic, Fondation Gabriel Péri, OMOS, Union syndicale Solidaires

Samedi 14 Novembre 2015 de 9h30 à 16h30 à l’Union Syndicale Solidaires, 144 Bd de la Villette, 75019 Paris
1er escalier gauche après le portail, 3e étage.

Pour prévoir le nombre de repas (à charge des participants mais prix raisonnable), merci de vous inscrire auprès de : infos@autogestion.asso.fr
Les auditions précédentes du séminaire :
– Sylvie Mayer et François Longérinas nous ont permis de dresser l’état des lieux en ce qui concerne la bataille législative sur le droit de préemption des salariés en cas de cession et sur l’Economie sociale et solidaire.
– Pierre Dardot est venu tracer la perspective politique que constitue le Commun, un ressource définitivement débarrassée de la notion de propriété, qu’elle soit publique ou privée, et gouvernée par les parties prenantes.
– Daniel Lescornet est venu interroger le concept d’Economie sociale et solidaire en tant qu’alternative au capitalisme et a regretté l’absence de stratégie des partis politiques de gauche à son égard.
– Bernard Friot a défendu son concept de Salaire universel dans lequel celui-ci ne sera plus que la seule rémunération possible, basée sur un système de grades attachés à la personne et indépendante du comportement de l’unité économique dans laquelle on travaille.
– Pierre-Yves Chanu, de la CGT, est venu parler des propositions de la CGT en termes d’outils financiers pour faciliter les reprises d’entreprises par les salariés. Il a notamment parlé d’une proposition de livret E et de mobilisation de l’épargne salariale.
– Paul Ariès est parti du constat actuel de crise de la démocratie pour y opposer les expériences actuelles qui tendent au contraire à rendre la parole aux citoyens. Il a brossé des pistes permettant d’envisager un renouveau de la démocratie dans un environnement d’égalité sociale et politique.
– Yves-Claude Lequin, Eric Schoonejans et Jacques Michelet sont intervenus lors d’une table ronde destinée à discuter des rapports possibles et réciproques entre la rechercher publique et l’Economie sociale et solidaire. Ils ont respectivement interrogé l’apport des citoyens dans l’orientation donnée aux programmes scientifiques, l’apport et les problèmes de l’agroécologie,
et l’incidence de la révolution informationnelle sur l’Economie sociale et solidaire.
– Jean-Numa Ducange, historien, a évoqué quelques expériences historiques d’appropriation sociale de 1789 à 1920. Il a choisi de traiter de la révolution française et la question de la propriété , de l’idée d’association dans la révolution de 1848, des relations entre partis, syndicats et mouvement coopératif et de l’émergence des conseils ouvriers en 1905 en
Russie.
– Catherine Samary a choisi d’interroger l’autogestion sur les enjeux de pouvoirs en cherchant à dépasser l’opposition traditionnelle entre droits individuels et approches d’ensemble. En partant d’une conception de l’autogestion comme droit de base accordé à tous ses citoyens, elle a mis l’accent sur la centralité d’une reformulation des luttes autogestionnaires à partir
des Communs.
Ce qui nous paraît essentiel est moins de définir dans le détail le fonctionnement d’entreprises hors sociétés de capitaux que de tracer la trajectoire que peut prendre des luttes idéologiques et sociales se situant délibérément dans la perspective d’un dépassement des règles du capitalisme.

 

 

Chercheurs et syndicalisme : le travail du SYMETT

Nous reproduisons un message reçu des auteurs du groupe de chercheurs SYMETT : SYndicalisme :Méthodes/Théories/Terrains, qui décident cette année « de se focaliser sur le travail syndical« , au sens du « travail » des militant-es.

http://www.symett.org

Bonjour,

Voici les dernières nouveautés sur le site du SYMETT:

Publications

– Jean-Paul Guillot, En finir avec les idées fausses sur les syndicats et le dialogue social: http://www.symett.org/publications/321-jean-paul-guillot-en-finir-avec-les-idees-fausses-sur-les-syndicats-et-le-dialogue

Actualités

– Appel à communications: « Les transformations du dialogue social dans une perspective comparée et multi-niveaux »: http://www.symett.org/actualites/312-appel-a-communications-panel-porte-sur-les-transformations-du-dialogue-social-dans-une-perspective-comparee-et-multi-niveaux

– Appel à contributions pour la revue Sociologie du travail: http://www.symett.org/actualites/313-appel-a-contributions-pour-la-revue-sociologie-du-travail

– 22-23 octobre 2015: International conference on the history of the Européen Trade Union Confederation (ETUC, 1973-2013): http://www.symett.org/actualites/318-22-23-octobre-2015-international-conference-on-the-history-of-the-european-trade-union-confederation-etuc-1973-2013

– 3 novembre 2015: journée d’étude « syndicats et questions environnementales »: http://www.symett.org/actualites/315-3-novembre-2015-journee-d-etude-syndicats-et-questions-environnementales

– 12 novembre 2015: rencontre « syndicalisme et diversités du salariat »: http://www.symett.org/actualites/317-12-novembre-2015-rencontre-syndicalisme-et-diversites-du-salariat

– 13 novembre 2015: 3èmes rencontres d’histoire ouvrière: http://www.symett.org/actualites/319-13-novembre-2015-3emes-rencontres-d-histoire-ouvriere

– 26-27 novembre 2015: colloque « La réception du droit du travail par les milieux professionnels et intellectuels (XIXe-XXe siècles) »: http://www.symett.org/actualites/316-26-27-novembre-2015-colloque-la-reception-du-droit-du-travail-par-les-milieux-professionnels-et-intellectuels-xixe-xxe-siecles

Séminaire du SYMETT

Le séminaire SYMETT se propose cette année de se focaliser sur le « travail syndical ». Partant de l’idée que ce sont les militants qui font les organisations, il s’agit de se pencher sur la production syndicale au quotidien. Entreprise de mobilisation, constructeur du groupe, mais aussi producteur de sens pour les militants et pour les salariés que les syndicats entendent représenter, qui sont ces militants qui font vivre les syndicats dans leurs différentes dimensions ? Tous doivent maîtriser un ensemble de savoir-faire et de savoir-être nécessaires à la maîtrise de leur rôle, lequel renvoie et s’incarne dans une diversité de pratiques sociales (de mobilisation, de représentation, de négociation) plus ou moins valorisées selon les secteurs professionnels et les organisations. Cet apprentissage peut être le résultat du travail instituant du syndicat, au travers de la formation, mais peut aussi provenir de reconversions multiples, professionnelles ou militantes. L’exemple du community organising nord-américain est à ce titre une bonne illustration des logiques de professionnalisation qui caractérisent certains de ces militants.

L’étude des trajectoires militantes, des cadres intermédiaires ou des dirigeants nationaux, est un bon moyen pour saisir ce travail de représentation et l’apprentissage qui en est fait. Le travail spécifique des organisations doit aussi être questionné, en donnant un contenu précis et empirique à ce que recouvrent les processus d’institutionnalisation et de bureaucratisation. L’approche du travail militant ne peut ainsi faire l’impasse des logiques de distinction du champ syndical qui aboutissent à des formes propres du « travail syndical » en fonction des organisations.

 

  • Vendredi 6 novembre 2015 (14h30-16h30), salle R-253: Jean-Christophe Angaut, Maître de conférences en philosophie à l’ENS de Lyon (Triangle) a proposé une nouvelle traduction et une nouvelle édition critique de l’ouvrage de Roberto Michels, Sociologie du parti dans la démocratie moderne. Enquête sur les tendances oligarchiques dans la vie des groupes (Folio Gallimard, 2015). Nous reviendrons avec lui sur la façon dont R. Michels intègre les syndicats dans son analyse, tout en différenciant, par certains aspects, l’univers partisan et l’univers syndical.

 

Par ailleurs, afin de contribuer au site internet, n’hésitez pas à nous faire parvenir vos annonces de séminaires, colloques et autres appels à communications, ainsi que des mémoires de master 2 et thèses qui, avec l’accord de leurs auteurs, viendront alimenter le centre de ressources en ligne.

Présentation du groupe de recherche SYMETT

SYMETT est un groupe de recherche basé à Lyon qui vise à réunir des doctorants, des enseignants-chercheurs et des chercheurs (voir la liste des membres) partageant la préoccupation commune de mettre en œuvre une sociologie politique du syndicalisme. L’objectif consiste à questionner les outils conceptuels, ainsi que les démarches méthodologiques, qui sont mobilisés dans différents travaux portant sur le mouvement syndical. Il s’agit moins de faire le point sur l’état des travaux sur telle ou telle organisation que de proposer une démarche réflexive sur les façons d’étudier le syndicalisme dans ses différentes dimensions. SYMETT relève du Pôle « politisation et participation » du laboratoire CNRS Triangle, mais ses activités sont ouvertes à toutes les personnes intéressées.